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Tannabelle et ses grumeaux
   
"Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'incrustent, qui t'alourdissent, qui t'immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas."
Oscar et la dame rose - Éric-Emmanuel Schmitt
   
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30 janvier 2015

Oiseau de nuit

Depuis le 02 janvier, Gaspard dort mal. Il s'endort très bien mais se réveille toutes les nuits ou presque. En 4 semaines, il a dû nous faire 3 bonnes nuits (et encore, nous avons revu nos critères "bonne nuit" à la baisse ces derniers temps). 3 sur 27, c'est faible comme statistique pour un bébé qui dormait si bien : "peut mieux faire", comme dirait l'autre.

Pourquoi ?

Au début, nous avons cru que c'était à cause du changement de rythme. Les vacances de Noël touchaient à leur fin, cela faisait une dizaine de jours qu'il n'était pas allé à la crèche et que son rythme, bien que nous ayons essayé de ne pas trop le décaler, avait été perturbé.

Puis nous avons imaginé que c'était lié à toutes les émotions vécues pendant ces vacances : Noël, les cadeaux, la "fête", les papis/mamies/tontons/tata, les quelques jours passés ailleurs que chez lui.

Ensuite, à la crèche, on nous a parlé de l'arrivée imminente de son petit frère, qu'il doit sentir sans la comprendre.

Et pour finir, la dernière hypothèse en date repose sur une otite. Tous les symptomes concordaient ; le pronostic s'est vérifié chez le médecin il y a 10 jours. Par acquit de conscience, son sommeil ne s'étant amélioré ni pendant ni depuis le traitement, nous sommes retournés chez le médecin ce soir : l'otite n'est toujours pas guérie ou a récidivé.

Nous espérons donc que l'une des deux dernières théories est la bonne (voire les deux ensemble). Nous aurions ainsi une explication et surtout une échéance - même imprécise - pour chacune des deux : la guérison de l'otite dans un cas, l'arrivée d'Hector dans l'autre.
Bien sûr, nous restons lucides malgré tout : sans parler des quelques jours où je serai à la maternité avec Hector, notre retour à la maison risque de désamorcer certaines choses dans la tête de Gaspard... tout en en amorçant d'autres ! ;-)

Comment ?

Gaspard se réveille donc pour ainsi dire toutes les nuits. Jamais à la même heure mais toujours en pleurs. Il y a (eu) quelques nuits où rien n'y (a) fait : seul le fait de dormir avec nous avec moi sur moi (et sur Hector, du coup) réussi(ssai)t à le calmer. Mais la plupart du temps, rester à côté de lui en attendant qu'il se calme et se rendorme seul suffit. Et c'est précisément à ce moment qu'il faut savoir rester humble, car entre le moment où il se rendort et celui où je regagne le lit conjugal, le temps semble ralentir. Le chemin ressemble alors étrangement au parcours d'Indiana Jones jusqu'au Graal dans La dernière croisade : une succession d'épreuves où chaque victoire semble dérisoire au regard de l'obstacle suivant.

  1. D'abord, il vous faut patienter sur le petit tabouret en bois placé à côté de son lit. Patienter avec bienveillance et abnégation. Patienter jusqu'à voir ses petites mains s'immobiliser sur les fesses de Simon-le-lion après les avoir malaxées, tripotées, palpées, caressées, papouillées en long, en large et en travers. Patienter jusqu'à deviner, dans la pénombre de la chambre que seul le réverbère de la rue éclaire, ses paupières parfaitement closes et libérées de tout tressaillement. Patienter surtout jusqu'à entendre sa respiration ralentir et trouver un rythme ensommeillé, le signal ultime que "Grand-mère à poussière" (comme on dit chez moi) rôde bel et bien autour de son lit.
  2. Ensuite, il faut vous relever du tabouret sans prendre appui sur quoi que ce soit, ni sur la commode qui grince pourtant de façon presque inaudible, ni sur les barreaux de son lit dont les craquements ressembleraient, pour ses oreilles et son cerveau en plein endormissement, à un orage de juillet en Dordogne. Vous ne pouvez alors compter que sur les muscles de vos cuisses pour passer de la position assise à la station debout, tout en faisant semblant d'ignorer que, à 8 mois de grossesse passés, vos abdos sont aux abonnés absents depuis un petit moment déjà et que votre centre de gravité s'est légèrement déplacé.
  3. Une fois la position debout atteinte, le jeu consiste à parcourir les 2,5 mètres qui séparent le lit de la porte sans un bruit. Les règles sont plus simples à comprendre qu'à appliquer :
    • Prendre une grande inspiration pourtant bien méritée après l'épreuve du tabouret : interdit.
    • Renifler, flatuler, tousser, éructer, éternuer : prohibé.
    • Faire craquer vos articulations en marchant, même malgré vous, même celles du petit orteil : défendu.
    • Faire retentir de tout petits "pop" en décollant trop vite vos talons du sol : proscrit.
    • Un seul mot d'ordre : millimétrer le moindre de vos mouvements. Qu'importe si votre vitesse de déplacement moyenne pour ce trajet de 250 cm ne dépasse pas les 0,3 km/h : en pareilles circonstances, mieux vaut préférer la sécurité à la célérité, l'enjeu est trop important.
  4. Lorsque vous êtes arrivée à la porte de la chambre, la plus grosse méprise serait de vous croire arrivée-tout-court car cette étape dissimule deux pièges. À ce stade, il faut en effet vous garder de refermer la porte trop vite, au risque que le changement soudain de luminosité (rappelez-vous le réverbère qui envahit la chambre de son obscure clarté) (oui, passer de la pénombre à l'obscurité, ça fait une différence pour un cerveau à peine endormi) ou le brusque appel d'air ne vienne chatouiller les yeux ou le visage du petit être qui donne tant de fil à retordre au marchand de sable - à la marchande de sable, en l'occurrence.
  5. Après avoir refermé la porte en douceur, il vous reste encore la poignée à actionner avec non moins de délicatesse. Votre chance, à cette étape cruciale, c'est qu'elle ne fait pas de bruit. Vous pourriez aussi vous contenter de tirer la porte au maximum sans la fermer complètement mais vous ne faites tout simplement pas confiance à votre chat qui, s'il semble indifférent voire fuyant la journée, pourrait très bien être pris d'une irrésistible curiosité en pleine nuit. C'est que c'est stupide imprévisible, un chat.
  6. Une fois toutes ces étapes franchies avec succès, vous pouvez légitimement 1) vous féliciter, 2) vous détendre mais surtout 3) rester concentré car c'est l'épreuve ultime qui vous attend à présent : descendre l'escalier en bois dans le noir sans vous casser la figure sans faire craquer les marches. Et pour y parvenir, vous pouvez là encore compter sur un élément inhérent à votre état actuel : votre pas aussi léger et gracieux que celui d'un pachyderme gavé au McDo depuis six mois (le McDo, c'est juste pour l'image car en réalité je m'efforce de manger de façon saine et équilibrée. La preuve, je n'ai pris "que" 10 kg, dont 4 ces 5 dernières semaines, c'est vrai, mais c'est "la faute à Noël" et au fait que je me suis un peu relâchée depuis le début de mon congé maternité, vu que j'étais persuadée d'accoucher bien avant terme). Mais, là encore, la chance est au rendez-vous : l'expérience vous a appris qu'en marchant sur la pointe des pieds sur les extrêmités des marches et le plus près possible du bord, les craquements du bois sont beaucoup plus discrets et n'atteignent donc pas les petites oreilles de l'autre côté du mur.
  7. Lorsque vous avez descendu ces 17 marches (vous auriez juré qu'il y en avait au moins le triple mais vous avez compté maintes et maintes fois), vous pouvez reprendre votre respiration et retrouver votre démarche habituelle pour regagner votre lit, où vous attend bien sagement votre mari (si tant est que l'on puisse dire de quelqu'un qui dort à poings fermés qu'il "vous attend").
  8. Enfin, vous pouvez vous rendormir, satisfaite du devoir accompli et soulagée de n'avoir passé que 78 minutes de votre nuit à rétablir l'ordre des choses qui prévalait encore il y a quelques semaines.

Et c'est au moment précis où vous fermez les paupières que vous entendez à nouveau les pleurs paniqués du petit être qui a décidé de vous faire tourner en bourrique. Lasse à l'idée de recommencer tout le cirque déjà mis en œuvre cette nuit-là, vous vous précipitez dans sa chambre, l'attrapez avec douceur mais détermination, et redescendez vous coucher dans le canapé, là où vous ne réveillerez pas votre mari, où vous pourrez trouver une position confortable à la fois pour vous et votre bidon, et où le petit être pourra se rendormir du sommeil du juste, lui, blotti tout contre vous, jusqu'au lendemain matin 7h00... sauf s'il estime, de sa propre initiative, que 5h23, c'est une bonne heure pour avoir fini sa nuit et être au taquet.

Oui, mais...

  • Pourquoi est-ce moi qui, à près de 9 mois de grossesse, me coltine ces nuits peu reposantes et aléatoires ?

Parce que, contrairement à mon mari, je ne bosse pas le lendemain (le week-end, je lui passe volontiers le relais - relais qu'il accepte lui aussi volontiers) et que je peux faire une des siestes dans la journée.
Et aussi parce que (et ça se vérifie encore plus ces derniers jours) Gaspard semble me rechercher et me réclamer un peu plus que son père en ce moment, au point qu'il n'arrive parfois à se calmer que dans mes bras.

  • Pourquoi est-ce qu'on ne passe pas directement au plan B (également appelé "solution canapé"), ce qui écourterait un peu moins la nuit ?

Parce que nous ne voulons pas lui donner l'habitude de finir dans le canapé dès qu'il pleure ou se réveille la nuit.
Et parce que nous avons toujours l'espoir que cette mauvaise période ne soit justement qu'une mauvaise période et que notre plan A ("le laisser se rendormir tout seul") redevienne LA solution, comme lorsque ses réveils nocturnes ne sont qu'occasionnels.

Optimisme
Malgré la faute de français, cette phrase m'a bien fait rire.
Comme quoi, fatigue et auto-dérision ne sont pas incompatibles.

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28 janvier 2015

Un choix cauchemardesque

D'ordinaire, lorsque quelque chose me "travaille", mon sommeil s'en ressent. Mon pauvre mari peut en témoigner : combien de fois m'a-t-il réconfortée en pleine nuit après un rêve qui m'a laissée paniquée et en larmes, empêchée de tomber du lit ou retenue de le protéger avec un peu trop d'enthousiasme d'un hypothétique danger, alors que je n'en étais même pas consciente ?

Étonnamment, depuis le décès d'Élise, cela ne s'est pas souvent vérifié. J'ai probablement rêvé plusieurs fois d'elle mais les rêves qui la concernent et dont je me souviens se comptent sur les doigts d'une main. Parmi eux figure celui que j'ai fait le week-end dernier, dans la nuit de samedi à dimanche. Mes souvenirs en sont très flous mais je me rappelle l'essentiel.

Dans ce rêve, nous étions en ce moment, dans notre vie, avec notre réalité. J'étais enceinte de Hector, après les grumeaux, après le décès d'Élise. Et le cœur de ce rêve, c'était la naissance de Hector. Je suis incapable de décrire l'accouchement ; je ne sais pas où j'étais, si mon mari était à mes côtés, s'il s'agissait d'un accouchement par les voies naturelles ou par césarienne.
En revanche, je me souviens que nous découvrions, moi, mon mari et l'équipe médicale, pendant l'accouchement qu'il s'agissait en fait de jumeaux, de deux petits garçons.
Je me souviens aussi que nous découvrions à leur naissance que l'un d'entre eux était mort et que l'autre était lourdement handicapé.

Au réveil, je me sentais mal, évidemment, mais j'avais aussi un sentiment d'accomplissement, comme si, dans ce rêve, j'avais résolu le dilemme qui nous a habités pendant la grossesse des grumeaux et qui nous habite encore, comme si j'avais eu - ou du moins je pouvais avoir - LA réponse qui me manquera toujours. Ces deux bébés - l'un mort, l'autre handicapé - incarnaient l'alternative à laquelle nous avons dû faire face pour Élise : l'empêcher de vivre en dehors de mon ventre ou la laisser venir au monde vivante mais lourdement handicapée.
J'ai souvent souhaité - et le souhaite encore, même si je sais parfaitement que c'était impossible et que ça l'est d'autant plus a posteriori - pouvoir avoir vraiment le choix, pouvoir "tester" chacune des deux possibilités que l'on nous proposait.
Certes, je n'ai pas rêvé plus loin que l'accouchement mais ce que je retiens, c'est que, dans ce rêve, nous allions enfin savoir ce qui était le pire entre un bébé né sans vie et un bébé lourdement handicapé - cette certitude qui nous manquait pour prendre notre décision, cette certitude sans laquelle nous avons dû décider quand même, cette certitude aussi cruelle que triviale. Pourtant, je sais que cela n'aurait rien changé puisque, même dans mon rêve, Élise était déjà morte à cause de notre décision.

Je crois tout simplement que ce rêve symbolise la question qui me hante toujours : avons-nous eu raison, avons-nous fait le bon choix, avons-nous pris la bonne décision ?
Je crois aussi que ce n'est pas anodin que je me sois réveillée "si tôt" dans le rêve : la réponse à cette question est sans doute quelque part en moi mais je n'y ai pas encore accès, je ne l'ai pas encore trouvée ou acceptée, il serait donc complètement insensé qu'elle m'apparaisse aussi clairement en rêve...

Réflexion

25 janvier 2015

Les chaussures

Voici un texte que j'ai découvert aujourd'hui. Dès la première phrase, j'ai compris de quelles chaussures il s'agissait.

Je porte une paire de chaussures.
Elles sont très laides, inconfortables ; je les déteste.
Chaque jour, je les porte et chaque jour, je rêve que j'en porte d'autres.
Certains jours, mes chaussures me font tellement souffrir que je pense ne plus pouvoir avancer.
Personne ne me parle jamais de mes chaussures mais je peux lire dans les yeux de qui me regarde que chacun est soulagé que ce soit les miennes.
Personne ne me parle d'elles.
Pour vraiment comprendre ces chaussures, vous devez les porter, mais une fois que vous les aurez aux pieds, jamais plus vous ne pourrez les enlever.
Je me rends compte que je ne suis pas seule à porter ces chaussures.
Il y a beaucoup de paires de par le monde.
Certaines femmes sont comme moi et elles essayent de marcher avec la douleur quotidienne de ces chaussures.
Certaines ont appris comment marcher avec ces chaussures et elles ne sont plus autant blessées.
Aucune femme ne mérite de porter ces chaussures.
Pourtant, c'est à cause de ces chaussures que je suis une femme forte.
Ces chaussures m'ont donné la force d'affronter n'importe quoi.
Elles ont fait de moi ce que je suis.
Je marcherai toujours dans les chaussures d'une femme qui a perdu un enfant.

Ce genre de textes est souvent écrit au nom des mamans mais je sais que les papas aussi portent ces chaussures.

Réflexion

24 janvier 2015

Pronostics

Pour la sécurité sociale, Hector est prévu pour le 14 février.
Pour l'hôpital où je suis suivie, pour le 10 février.
Et dans notre entourage, chacun y va de son pronostic ! ^^

Pour Chrystelle, ça devait être le 11 janvier, jour de la naissance de son aînée.
Pour mes parents, ça devait être le 22 janvier, jour de leur rencontre.
Loupé ! ;-)

Pour Clémence, ça devrait être le 26 janvier, jour de sa naissance.
Pour Fanny, ça devrait être le 28 janvier, jour de sa naissance.
Pour notre boucher, ça devrait être le 4 février, jour de la naissance de son petit-fils. En plus, il y a une pleine lune ce jour-là, comme le 19 septembre 2013 d'ailleurs. ;-)
Pour Caroline T, ça devrait être le 8 février, juste comme ça, au pif.

Mise à jour du 26 janvier :

Pour Chrystelle, qui a droit à une deuxième chance, ça devrait être d'ici le 27 janvier, avec toute la gym qu'elle m'a fait faire pour notre "séance photo grossesse" de samedi dernier.
Pour Maryse, ça devrait être le 5 février.
Pour
 Lucie, ça devrait être le 11 février, jour de naissance de sa meilleure amie.
Pour Caroline LF, ça devrait être le 13 février, parce que personne n'a encore misé dessus.
Pour Laure, ça devrait être le 14 février, parce qu'elle aime,bien cette date.

Pour Olivier, mon beau-frère, ça devrait être le 15 février, jour de la "bande de Dunkerque".

Réponse dans quelques heures, quelques jours ou quelques semaines !

Pronostics

23 janvier 2015

Toute blanche - Serge Lama

Audio

Toute blanche,
Dans ton habit du dimanche
Ils t'ont glissée sous les planches
Avec un chagrin immense
Ils ont fermé tes yeux
Pour l'éternité

Le coeur blême
Je me suis penché quand même
Pour te souffler mon haleine
Mettre du sang dans tes veines
Te réchauffer un peu
Tu n'as pas bougé

Ce dimanche
J'y pense encore mais je flanche
Je te portais des pervenches
Pour parfumer ton silence
Le ciel pour la circonstance
S'est habillé d'éternité

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16 janvier 2015

Même au siècle prochain

Il y a ces phrases que l'on lit ou entend parce que nous sommes en janvier et qu'en janvier il faut nécessairement présenter ses vœux.

Une bonne santé pour vous et vos proches. Avec un peu de motivation, le reste suivra.
Ça ne peut être qu'une blague ! À moins que ce ne soit un de ces sms envoyés en masse... En tout cas, nous devons sacrément manquer de motivation pour qu'Élise soit toujours aussi morte, près de seize mois après sa naissance !
Mon mari est plus tolérant que moi envers ces personnes qu'il juge simplement maladroites. Moi, je considère que ce n'est plus de la maladresse mais de l'indifférence, voire de la violence - involontaire certes mais de la violence tout de même - quand la personne à l'origine de ces "vœux" est parfaitement au courant de notre histoire.

Tout ce que vous pouvez souhaiter.
Nous ne sommes pas gourmands, "tout ce que [nous pouvons] souhaiter" tient en onze mots : qu'Élise soit vivante et en bonne santé à nos côtés. Mais c'est vrai que la motivation à ce que notre souhait se réalise nous fait défaut, alors nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes !...
Là encore, c'est à nous de ne pas prêter attention à ces vœux passe-partout et envoyés collectivement, et non aux autres de faire attention à ce qu'ils font, disent ou écrivent. Les gens ne font pas attention aux autres, se contentent de superficialité et de bienséance creuse. C'est ça, le monde dans lequel on vit aujourd'hui.

Pourtant j'en ai reçu des vœux qui tombaient juste, qui nous étaient réellement adressés, qui ne sonnaient pas faux, qui tenaient compte de notre histoire. C'est que c'est possible alors !... Je commençais à croire que j'étais trop susceptible ou trop exigeante ou - pire - que pour réussir le test des banalités de janvier, il fallait être le moins sincère possible !

 

Il y a aussi ces phrases que l'on entend à longueur de temps, peu importe que l'on soit en janvier ou non.

Il faut aller de l'avant.
Prévoir un voyage, avoir des projets professionnels, recevoir des amis, organiser Noël à la maison : n'y voyez-vous pas le signe que nous allons de l'avant, comme vous vous obstinez à nous y exhorter, sans même y réfléchir ?!

La vie continue.
Quand j'entends ça, j'ai juste envie de répondre - au choix - que "la vie continue, certes, mais sans Élise, ce qui fait quand même une sacrée différence" ou que "la vie d'Élise ne continue pas, elle, justement".
Sinon, pour être un peu plus constructive ou moins sarcastique, je peux aussi poser cette question : faire un troisième enfant... quelle plus belle preuve (même si nous n'avons rien à prouver et aucun compte à rendre, à part à nos enfants peut-être) que c'est la pulsion de vie qui prend le dessus sur la pulsion de mort ?!

Alors évidemment, quand on me demande comment s'est passé Noël, je ne peux pas ne pas parler d'Élise.
Parce que si moi je n'en parle pas, qui en parlera ?!
Parce que, ne vous en déplaise, Élise était aussi absente que Gaspard était présent.
Parce que j'ai autant regretté l'absence d'Élise que je me suis réjouie de la présence de Gaspard.
Parce que j'ai à la fois vécu le deuxième Noël avec mon fils et le deuxième Noël sans ma fille.

C'est sûr qu'il est plus facile d'asséner des phrases toutes faites plutôt que de s'intéresser vraiment à nous et de s'interroger sur le chemin que nous avons parcouru depuis le début de notre cauchemar il y a bientôt vingt mois. C'est sûr qu'il est plus facile de balancer des banalités vides de sens que de chercher à dépasser le stade du superficiel.

Mais ce que certains n'ont pas compris, c'est que ce n'est pas parce que nous parlons d'Élise que nous n'avançons pas.
Élise est notre fille, notre enfant, au même titre que Gaspard - et Hector. Alors bien sûr, je ne peux pas vous raconter ses derniers progrès, son sommeil perturbé, ses clowneries, son histoire d'amitié avec Simon-le-lion, ses "La ! La ! La !" intempestifs. Mais je peux quand même vous parler d'elle, des chansons que j'écoute en pensant à elle, des objets que nous déposons sur sa tombe, de sa présence à sa façon dans la maison, du fait qu'elle me manque terriblement, du fait que je n'ai pleuré que trois fois en pensant à elle en 2015, du fait que je pense à elle tous les jours, du chemin de deuil sur lequel j'avance tant bien que mal.
Il y a une chose que les gens vont devoir comprendre et admettre une bonne fois pour toutes : Élise fait partie de moi. Et, comme le chante Vanessa Paradis, même au siècle prochain, j'en parlerai encore. Et quand on sait qu'il y a peu de chances que je voie le siècle prochain, étant née au milieu des années 1980, on mesure la valeur d'éternité que cette simple phrase revêt pour moi.

Même si je préfère m'abstenir de participer à la campagne généralisée des "meilleurs vœux" et compagnie, me contentant de répondre de la façon la plus sincère possible à ceux que l'on m'adresse, je ne peux m'empêcher de partager avec vous cette image si parlante :

Voeux 2015

15 janvier 2015

Ça va pas changer le monde - Joe Dassin

Audio

C'est drôle, tu es partie
Et pourtant tu es encore ici
Puisque tout me parle de toi
Un parfum de femme, l'écho de ta voix
Ton adieu, je n'y crois pas du tout
C'est un au revoir, presqu'un rendez-vous

Ça va pas changer le monde
Il a trop tourné sans nous
Il pleuvra toujours sur Londres
Ça va rien changer du tout
Qu'est-ce que ça peut bien lui faire
Une porte qui s'est refermée ?
On s'est aimés, n'en parlons plus
Et la vie continue

Ça va pas changer le monde
Que tu changes de maison
Il va continuer, le monde
Et il aura bien raison
Les poussières d'une étoile
C'est ça qui fait briller la voie lactée
On s'est aimés, n'en parlons plus
Et la vie continue

Ça va pas changer le monde
Ça va pas le déranger
Il est comme avant, le monde
C'est toi seule qui as changé
Moi, je suis resté le même
Celui qui croyait que tu l'aimais
C'était pas vrai, n'en parlons plus
Et la vie continue

15 janvier 2015

Musique

En attendant de trouver la force de publier les deux ou trois billets spécifiques que j'ai en tête (certains billets sont plus difficiles à écrire que d'autres, parce que plus intimes ou plus douloureux...), en voici un pour vous prévenir que j'ai créé une page listant les chansons que je publie de temps en temps sur le blog et qui me parlent ou me touchent particulièrement.

Audio

La rubrique Pages est accessible dans la colonne de droite, juste en-dessous de la rubrique Catégories.

13 janvier 2015

Telle est ma prière - Kyo

Audio

Le temps me vole ce que j'ai de plus cher
Dans mes souvenirs tu rigoles et tu fais tourner la terre
Ce qui me désole et que je désespère
Que ton image s'envole mais il n'y a rien à faire
Tu es ce pourquoi j'ai vécu jusqu'à maintenant
Mais voilà que tu n'es plus, plus rien n'est important
Si seulement j'avais su
Que tu me manquerais autant
Je t'en aurais voulu de t'aimer tant
Apprends-moi à croire qu'on oublie d'avoir mal
Apprends-moi à croire que t'es devenue mon étoile

Mon ange, ma lumière
Mon intime repère
Mon ange, ma lumière
Qui chaque jour m'éclaire
Telle est ma prière

Tu n'avais pas de royaume à tes pieds
Mais je verserai pour toi
Plus de larmes qu'un peuple entier
Et ça ne suffira pas à me faire oublier
Que tu n'es plus
Apprends-moi à croire qu'on oublie d'avoir mal
Apprends-moi à croire que t'es devenue mon étoile

Mon ange, ma lumière
Mon intime repère
Mon ange, ma lumière
Qui chaque jour m'éclaire
Telle est ma prière

Le temps me vole ce que j'ai de plus cher
Dans mes souvenirs tu rigoles et tu fais tourner la terre
Ce qui me désole et que je désespère
Que ton image s'envole mais il n'y a rien à faire
Apprends-moi à croire que t'es devenue mon étoile

Mon ange, ma lumière
Mon intime repère
Mon ange, ma lumière
Qui chaque jour m'éclaire

Mon ange, ma lumière
Mon intime repère
Mon ange, ma lumière
Qui chaque jour m'éclaire

Telle est ma prière

13 janvier 2015

Préparatifs

Pour la sécurité sociale, le terme pour la naissance de Hector est prévu le 14 février. Pour beaucoup, c'est une bonne date - rapport à la Saint Valentin.
Premièrement, cette date ne veut rien dire pour mon mari et moi. Nous ne l'avons jamais fêtée, préférant célébrer nos anniversaires de rencontre et de mariage, bien plus significatifs.
Deuxièmement, je ne vois pas le rapport entre la Saint Valentin et la naissance prévue d'un enfant. Ah si, un enfant, c'est le fruit de l'amour de ses parents, tout ça, tout ça.

Pour l'hôpital où je suis suivie, le terme serait plutôt prévu le 10 février, c'est-à-dire dans un moins d'un mois. Le compte-à-rebours ayant commencé et une fausse alerte ayant retenti il y a quelques jours déjà, il est temps de poursuivre les préparatifs de l'arrivée de Hector.

Nous ne savons même pas encore comment nous allons faire, en termes d'organisation et d'aménagement des chambres, notamment par rapport au fait que Gaspard porte encore des couches et que notre commode à langer est dans la chambre de Hector. Mais il y a au moins deux choses que nous avons préparées : les premiers vêtements de Hector et la valise pour la maternité.

Les vêtements

Concrètement, ça a commencé samedi par du tri dans les vêtements de bébé. Heureusement que ma cousine, qui nous avait prêté des vêtements pour Gaspard, est elle aussi enceinte (de quelques semaines de moins que moi) : c'est ce qui m'a motivée à mettre de côté d'une part les vêtements à lui rendre, d'autre part les premiers vêtements que Hector portera.

J'ai voulu commencer ce tri alors que j'étais seule avec Gaspard. Vaquer à ses occupations tout en veillant sur un petit bout de presque 16 mois qui court partout n'est pas chose aisée, surtout à 8 mois de grossesse et quand lesdites occupations ne sont pas neutres émotionnellement.

Je n'en avais pas conscience (mais devais le savoir quand même, quelque part au fond de moi, vu le nombre de fois où j'ai reporté ce tri pourtant inévitable) mais m'occuper de ces vêtements a fait (re)surgir beaucoup d'émotions. De la nostalgie, des regrets, des fantasmes, de la joie, de l'impatience, de la peur.
Parce que la dernière fois que j'ai préparé ces mêmes vêtements, c'était pour Gaspard et Élise était encore là, encore vivante même. Quelle situation cruelle, quand j'y repense : préparer des vêtements pour son fils en faisant comme sa fille n'était pas là !
Parce que la dernière fois que j'ai préparé des vêtements de nouveau-né, j'aurais dû les préparer pour deux nouveaux-nés.
Parce que je suis heureuse de préparer ces vêtements pour Hector mais que tant qu'il ne sera pas là, dans mes bras, vivant, une alarme sera active dans ma tête.
Je n'arrivais pas à me concentrer, à m'organiser ; Gaspard m'énervait pour un oui ou pour un non ; les larmes coulaient. Mon mari est finalement rentré et s'est occupé de Gaspard pour me laisser souffler et terminer aussi tranquillement que possible.
Ces préparatifs, en apparence si banals et si joyeux, ne se sont pas faits sans mal.

Et dire qu'il faudra bientôt remettre ça, puisque je me suis pour l'instant contentée du minimum : mettre de côté les vêtements taille naissance et taille 1 mois.

La valise

Déjà avant la fausse alerte de fin décembre, mon mari et moi avions en tête qu'il ne faudrait pas tarder à préparer la fameuse "valise pour la maternité". Là encore, j'ai repoussé le moment fatidique, plus ou moins consciemment. Ce n'est que dimanche que je me suis décidée à rechercher, sur l'ordinateur, la liste que j'avais faite pour la naissance des grumeaux. Doutant de l'avoir conservée, je n'étais pas sûre de la retrouver. Finalement, elle m'attendait bien sagement. Et quelle ironie en voyant la date de dernier enregistrement de ladite liste : le 7 septembre 2013. Même si j'ai passé deux autres nuits chez moi entre ce 7 septembre et la naissance d'Élise et Gaspard, cette date marque pour moi le début de la fin de la grossesse des grumeaux.

Mon mari s'attend donc à ce que l'histoire se reproduise : le jour où j'aurai bouclé la valise pour Hector marquera la fin de cette grossesse. ;-) Et c'est justement aujourd'hui que je m'y attelle !

Là aussi, beaucoup d'émotions en passant en revue ce que nous avions prévu d'emporter pour Gaspard et Élise : la liste était tellement plus courte et plus lourde de sens d'un côté que de l'autre...

Une preuve de plus, pour ceux qui en auraient besoin, qu'apprendre à vivre avec l'absence de son enfant est un travail de tous les instants...

Réflexion

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