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Tannabelle et ses grumeaux
   
"Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'incrustent, qui t'alourdissent, qui t'immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas."
Oscar et la dame rose - Éric-Emmanuel Schmitt
   
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31 janvier 2016

Le poids des mots - Bis

L'an dernier, à peu près à la même époque, j'avais déjà publié un billet sur les mots que l'on utilise pour désigner la réalité. Cette fois-ci, ce sont d'autres mots qui m'interpellent.

Perdre et disparaître
Avec les décès de personnalités survenus en ce début d'année, nous avons régulièrement entendu dans les médias "untel a disparu", "nous venons de perdre untel". En tant que traductrice amoureuse des langues en général et de sa langue en particulier, je connais par cœur les rouages de la langue française, ses pièges, ses doubles sens, ses homonymes, mais je ne peux m'empêcher de m'insurger intérieurement contre ces deux termes employés de manière euphémique pour désigner la mort.

Et puis dans la "vraie vie", qui parle de cette manière ?!
Honnêtement, le 2 janvier, j'ai été émue d'apprendre que Michel Delpech était décédé mais pas que la France avait perdu l'un de ses chanteurs les plus populaires.
Et sérieusement, quand vous avez croisé vos collègues le 10 janvier, vous leur avez demandé s'ils savaient que David Bowie avait disparu ou qu'il était mort ?

En tout cas, dans notre vie, nous ne parlons pas comme ça, mon mari et moi.
Élise n'a pas disparu : elle est morte, derrière un champ opératoire mais pour ainsi dire sous nos yeux et dans mon ventre, par notre décision - par notre faute.
Nous n'avons pas perdu Élise : nous savons où elle est, elle est décomposée au fond d'une boîte en bois six pieds sous terre, entre les vers et les taupes.

Retard
Avec le virus Zika qui sévit en Amérique du sud et est apparemment arrivé en Europe, les médias nous parlent régulièrement des risques encourus en particulier par les femmes enceintes et leurs foetus, notamment des risques de retard mental pour ces derniers.

Mais d'où sort ce terme de retard pour désigner une déficience, une défaillance, une anomalie ?!
Être en retard, c'est juste une question de timing : quand on arrive en retard, on met plus de temps que prévu à arriver mais on arrive quand même.
Ces "bébés Zika" ne seront pas en retard mentalement, ils seront déficients mentaux !

Si nous l'avions laissée vivre, Élise aussi aurait souffert d'une déficience mais pas d'un retard !

Réflexion

Pour clore ce billet, je rappellerai seulement cette citation attribuée à Albert Camus :

Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde.

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3 janvier 2016

Premier bilan

Loin d'être une amatrice d'alcool ou de vins, j'apprécie cependant un verre de Vendanges tardives avec le traditionnel foie gras de Noël ou un verre de Haut-Médoc avec le fromage.

En 2013, je n'avais pas pu en profiter, puisque j'allaitais Gaspard.
En 2014, je n'avais pas pu en profiter non plus, puisque j'étais enceinte de Hector.
En 2015, je n'ai toujours pas pu en profiter, puisque je suis "sous anti-dépresseurs" depuis maintenant deux mois.

Tout ça pour vous dire que, oui, je prends des anti-dépresseurs.
Et malgré tous mes efforts, qui vont au-delà de ce traitement médicamenteux, je ne vois pas de franche amélioration.

Je suis désormais régulièrement suivie par trois "psy" :

  • La psychologue de la maternité qui me suit depuis le début. Confiance et apaisement sont les maîtres-mots de nos rares rencontres. Mais ces bienfaits ne sont que temporaires à chaque fois et ne parviennent pas à m'apporter la sérénité que je recherche. Malheureusement, j'ai dû annuler notre dernier rendez-vous à la dernière minute, programmé sur mon temps professionnel avec l'accord de ma chef, en raison d'une charge de travail trop importante et notre prochain entretien n'est prévu que fin février. J'aurais pourtant eu besoin d'une petite dose de réconfort dont elle a le secret...
  • La psychologue du CMP de ma ville. Après notre premier entretien, j'ai failli ne pas donner suite, tellement elle m'avait semblé être dans le jugement et inapte à m'aider. J'ai quand même décidé de ne pas m'arrêter à cette première impression et bien m'en a pris car, même si je suis loin d'avoir beaucoup avancé, j'ai la sensation qu'elle souhaite vraiment m'apporter son aide en m'incitant à me poser les bonnes questions et en me poussant dans mes retranchements. Mais le prix à payer est parfois lourd, tant chacune de nos rencontres - bimensuelles en moyenne - me laisse le cœur en miettes pour plusieurs jours à chaque fois.
  • La psychiatre que j'avais déjà rencontrée l'an dernier. Je ne crois pas qu'elle ait été très surprise de me revoir, même si elle s'est bien gardée de me le dire. Beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts depuis notre dernier entretien et pourtant, elle m'a retrouvée quasiment au même endroit sur la berge. Si j'ai accepté - et même décidé - de la revoir, c'est parce que je n'étais plus dans le même état d'esprit qu'en juin 2014 : encore plus mal dans ma tête mais sans doute aussi plus disponible et plus réceptive à toute forme d'aide. Nous nous voyons en moyenne toutes les quatre semaines et à chaque fois c'est son approche globale qui me "plaît". Elle s'intéresse à tout ce qui compose ma vie : mon moral, ma vie professionnelle, ma vie sociale, mes enfants, mon mari, mes projets.
    La première fois que je l'ai revue il y a deux mois, elle m'a immédiatement prescrit un anti-dépresseur, presque à ma demande. Les premiers temps, à part des nausées et un assèchement de la bouche, je n'ai pas ressenti grand-chose. Par la suite, j'ai eu l'impression d'être coupée de mes émotions, d'être comme "neutralisée",ce qui n'était pas plus mal. Mais depuis quelques semaines, le moral est à nouveau descendu en flèche, sans raison apparente ou déclencheur particulier.

J'ai également commencé à consulter un ostéopathe mais, là encore pour cause de surcharge de travail, j'ai dû annuler notre dernier rendez-vous et ne sais pas encore quand je pourrai le revoir.

Le bilan de toutes ces pistes est donc pour l'instant plutôt mitigé. Après des débuts "prometteurs", tout a ralenti, stagné ou même reculé. Mais peut-être la période des fêtes de fin d'année n'est-elle pas le moment le plus opportun pour prendre du recul...

3 janvier 2016

D-E-S-I-L-L-U-S-I-O-N-S

Avant 2008, je croyais qu'il suffisait de s'aimer et le vouloir pour devenir parents.
Avant 2013, je ne savais pas qu'on pouvait mourir avant de naître.
Avant 2015, je pensais que la rencontre avec son enfant était forcément une évidence.

Réflexion

Et toi, 2016, quelle illusion vas-tu me voler ?

 

 

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