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Tannabelle et ses grumeaux
   
"Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'incrustent, qui t'alourdissent, qui t'immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas."
Oscar et la dame rose - Éric-Emmanuel Schmitt
   
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echographie
25 juin 2013

On m'avait dit...

On m'avait dit que la grossesse était un moment magique.
On m'avait dit que les nausées et le mal de dos étaient les seuls désagréments de la grossesse.
On m'avait dit que je n'aurais que quelques prises de sang et analyses d'urine à passer.
On m'avait dit que nous ne devrions consulter que des sages-femmes et des gynécologues.

On ne m'avait pas dit que je ne pleurerais jamais autant que pendant ma grossesse, sans que les hormones en soient responsables.
On ne m'avait pas dit que nous devrions subir tous ces examens.
On ne m'avait pas dit que je devrais passer autant d'échographies.
On ne m'avait pas dit que nous devrions rencontrer un Professeur en médecine foetale, une généticienne, une spécialiste en imagerie pédiatrique, un neuro-pédiatre, une psychologue.

Réflexion

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21 juin 2013

Des questions inutiles...

C'est la sage-femme qui nous a fait passer la première échographie "classique" du 12 avril qui nous a pris rendez-vous pour la fameuse échographie dans le service d'imagerie pédiatrique du CHU que nous avons passée le 24 mai et au cours de laquelle les problèmes d'Élise ont été détectés.
Pourquoi avons-nous atterri là-bas ? Nous ne le savons pas vraiment. Nous avions compris au départ que cette échographie intermédiaire se justifiait par rapport à la fois au caractère gémellaire de la grossesse et à l'hématome qui m'embêtait depuis le début mais, avec le recul, nous nous demandons si la sage-femme n'avait pas suspecté quelque chose dont elle ne nous aurait pas parlé, même si le compte-rendu de cette échographie ne mentionne rien de particulier.
De toutes façons, si elle avait effectivement suspecté quelque chose, qu'est-ce ça nous aurait apporté de le savoir avant l'échographie du 24 mai, à part un mois et demi de plus à angoisser, extrapoler, supposer, fantasmer, imaginer ?

Si nous n'avions pas passé l'échographie du 24 mai, qu'est-ce que ça aurait changé de découvrir les problèmes d'Élise à la prochaine échographie "classique" prévue début juillet ?
Est-ce que ces 6 semaines entre fin mai et début juillet auraient été 6 semaines supplémentaires de "répit" ou 6 semaines de moins pour intégrer la nouvelle, passer d'autres examens, rencontrer des spécialistes, entamer notre cheminement, essayer de nous préparer ?

Est-ce que le décollement placentaire, l'hématome et les saignements du début ont quelque chose à voir avec les problèmes d'Élise ?
De toutes façons, qu'est-ce que ça nous apporterait d'avoir la réponse à cette question ?

Réflexion

18 juin 2013

Nouvelle échographie

Contrairement à l'échographie de repérage qui a précédé l'amniocentèse il y a 2 semaines, l'échographie que nous avons passée hier a concerné à la fois Gaspard (20 minutes) et Élise (45 minutes).

Pour Gaspard, tout continue à bien aller, rien d'anormal n'a été détecté.

En revanche, l'anomalie cérébrale d'Élise a continué à évoluer. À travers les comptes-rendus, les clichés échographiques et l'interprétation des quelques termes entendus lors de nos entretiens avec les médecins, nous avons réussi à mettre des mots sur le problème d'Élise : ventriculomégalie, également appelée dilatation ventriculaire, c'est-à-dire que ses ventricules cérébraux sont trop gros. La taille "normale" des ventricules est de 10 à 12 mm. Entre 12 et 15 mm, il s'agit d'une dilatation modérée ; au-delà de 15 mm, il s'agit d'une dilatation sévère.

De 11,4 mm le 24 mai et 12,5 mm le 4 juin, ses ventricules sont passés à 20 mm. La dilatation est donc évolutive, ce qui n'est pas bon signe... C'est le Professeur qui nous a fait passer l'amniocentèse il y a deux semaines qui nous a également fait passer l'échographie hier. Nous l'avons trouvé moins froid, plus communicatif, plus dans l'empathie, tout en se montrant honnête (ce que nous avons apprécié) : il n'a pas caché son inquiétude et son pessimisme devant l'ampleur et l'évolutivité de la dilatation, qui, selon lui, ne se résorbera pas.
Nous avons également demandé si nous devions nous préparer à nous poser la question de l'interruption de grossesse pour Élise. Comme lors de notre premier entretien, il n'a pas clairement répondu par l'affirmative ou la négative mais, de sa réponse, nous avons compris que, dans l'absolu, s'il n'y avait qu'Élise, l'IMG pourrait se justifier mais que "pour des jumeaux, c'est compliqué". A la façon dont il a prononcé ces mots en me regardant, nous avons compris que c'est surtout compliqué psychologiquement et physiquement pour la maman...

En attendant le caryotype d'Élise, notre cas devait à nouveau être discuté au "staff" hier soir et nous devons être recontactés "dans les prochains jours" pour, d'après ce que nous avons compris, envisager d'autres examens et rencontrer un neuro-pédiatre (probablement), qui nous donnera plus d'explications sur l'anomalie cérébrale d'Élise et répondra à nos questions "techniques", et un généticien (éventuellement) - des médecins qu'on n'aurait jamais imaginé devoir rencontrer...

C'est en constatant l'état dans lequel nous étions en sortant de l'échographie que nous avons réalisé que, malgré tout, nous continu(i)ons d'espérer sortir un jour de ce cauchemar...

Je joins le document Conduite à tenir_lors_de_la_découverte_anténatale_d'une_ventriculomégalie_cérébrale publié en 2004 par l'ANAES (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé), qui est devenue depuis la HAS (Haute autorité de santé).

Echographe

12 juin 2013

Un bébé (ou plus !), ça se fait à deux

On entend souvent que les hommes sont lâches, surtout face à des grossesses, qui plus est lorsqu'elles sont accidentelles. Soit.

Mais quand seul l'avis de la maman est pris en considération, même lorsque le papa est manifestement impliqué dans la grossesse (par exemple : il assiste à toutes les échographies, à toutes les consultations avec la gynécologue, avec l'équipe de diagnostic prénatal et même avec la psychologue en cas de problème), il ne faut pas s'étonner que l'image du papa indifférent persiste dans l'inconscient collectif !

  • C'est moi qui porte les bébés, c'est vrai.
  • C'est moi qui fais particulièrement attention à mon hygiène de vie, c'est vrai.
  • C'est moi qui ai besoin de crème anti-vergetures, c'est vrai.
  • C'est moi qui ai envie de riz au thon alors que nous sommes prêts à nous endormir, c'est vrai.
  • C'est moi qui passe les échographies et qui ai subi l'amniocentèse, c'est vrai.
  • C'est moi qui vais jongler pour leur faire voir la lumière du soleil, c'est vrai.

Je peux donc comprendre que la maman soit au centre de toutes les attentions en ce qui concerne les aspects "classiques" de la grossesse mais il y a des choses que je ne comprends vraiment pas...

  • Pourquoi est-ce que seul mon consentement était requis sur le formulaire autorisant l'échographiste à présenter notre cas au staff, alors que mon mari était à mes côtés ?
  • Pourquoi est-ce que seul mon consentement était requis sur le formulaire autorisant la réalisation de l'amniocentèse et des analyses nécessaires au diagnostic prénatal in utero, alors que mon mari était à mes côtés ?

Pour l'équipe médicale, le papa ne compte presque pas mais moi je sais que je peux compter sur lui et c'est ça qui compte !

Mari

10 juin 2013

Une étape de plus

La semaine dernière, nous avons rencontré le Professeur du CHU spécialisé en médecine fœtale afin d'envisager la réalisation d'une amniocentèse, suite aux problèmes détectés chez Élise. On ne peut pas dire que la communication soit sa qualité première !

Pour démarrer l'entretien, il nous a demandé ce que nous savions de la raison qui nous amenait chez lui. Après notre réponse, silence - le premier d'une longue série ! Alors que c'est le CHU qui nous a "convoqués" à ce rendez-vous, nous avions l'impression que le Professeur, comme la médecin et la sage-femme qui l'accompagnaient, attendait que nous nous exprimions alors que nous nous attendions plutôt à ce qu'il nous donne des informations et nous parle de l'amniocentèse, du déroulement, des risques, etc.

Entre son manque de loquacité et le caractère évasif de ses propos, nous n'étions pas vraiment à l'aise et lorsque nous posions des questions fermées, après ses réponses, nous ne savions pas s'il avait répondu par l'affirmative ou la négative. Bien sûr, nous ne nous attentions à aucune nouvelle information concernant l'état d'Élise puisqu'aucun examen supplémentaire n'avait été réalisé entre-temps mais même à propos de l'amniocentèse, le peu que l'on sait, c'est grâce à ce qu'on avait lu avant de venir et pas à ce qu'il nous en a dit... Bref, nous savons bien qu'il reste un technicien (et au final, s'il est compétent dans ce domaine, c'est l'essentiel) et nous ne nous attendions pas à ce qu'il déploie des trésors de psychologie mais nous espérions une démarche un peu plus tournée vers nous. Comme mon mari et moi étions déjà décidés à réaliser l'amniocentèse avant même l'entretien et qu'ils pouvaient me la faire passer dans la foulée, nous nous sommes dit que repousser l'échéance ferait plus de mal que de bien.

Amniocentèse
L'amniocentèse en elle-même ne dure que quelques minutes, préparation et nettoyage du ventre de la maman inclus : sous contrôle échographique, on introduit une aiguille (pas petite !) à travers la paroi abdominale, préalablement désinfectée, afin de prélever du liquide amniotique dans lequel baigne le bébé et qui contient les cellules fœtales à analyser. Le geste est plus proche du douloureux que du désagréable mais reste tout-à-fait supportable. Dans les heures qui ont suivi, j'avais l'impression d'avoir le ventre tendu et lourd mais cette sensation a disparu dès le lendemain.
A court terme, ce sont les risques liés à cet acte (mort in utero, fausse couche, pertes de sang ou de liquide amniotique, rupture des membranes) qui m'inquiètent : d'après le Professeur (qui a réalisé lui-même l'amniocentèse, assisté d'une médecin), si quelque chose se passe d'ici trois semaines, ce sera probablement lié à l'amniocentèse - d'où la petite inquiétude qui se promène au fond de ma tête et de mon cœur.

Pendant l'échographie de repérage préalable à l'amniocentèse en elle-même, nous avons eu le plaisir de voir Élise réagir quand les médecins tapotaient mon ventre pour voir où elle était, comment elle se comportait, etc. C'était trop mignon ! :-)
En revanche, pendant l'amniocentèse, j'ai évité de regarder l'écran, les médecins ou les ustensiles, et j'ai fixé le plafond pour pouvoir rester concentrée, me détendre et éviter ainsi de respirer trop fort, de bouger ou de sursauter. Mais mon homme a continué à regarder l'écran et a pu voir qu'Élise était très curieuse et n'arrêtait pas d'aller voir ce qui venait l'embêter ! :-)
Comme nous ne savons pas encore ce que la vie a décidé de nous réserver, nous nous raccrochons à ces petits bonheurs, aussi furtifs et insignifiants soient-ils...

(Pour cette amniocentèse, j'ai même eu le droit de servir de cobaye pour l'utilisation d'un nouvel appareil d'échographie, entourée du Professeur, de la médecin, de la sage-femme et du commercial venu faire la démonstration de son nouveau joujou, en plus de mon homme : pour l'intimité, on repassera !)

Nous avons reçu le premier résultat de cette amnioncentèse : la conclusion est qu'il n'y a pas d'anomalies sur les chromosomes 13, 18, 21, X et Y. Élise n'a donc aucune de ces 3 trisomies a priori (le risque 0 n'existe pas mais, par rapport à ces pathologies-là, Élise redevient un bébé comme les autres). Mais il est encore trop tôt pour se réjouir : il s'agit simplement de pistes écartées et rien ne dit qu'elle n'a pas une autre pathologie grave. Nous devrions connaître le résultat complet début ou mi-juillet.

Encore une étape de passée, mais qui reste difficile à gérer entre d'une part le mini-soulagement, d'autre part l'attente et l'angoisse qui sont devant nous pour encore plusieurs semaines...

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29 mai 2013

Quand la grossesse prend le mauvais chemin...

Ce billet vous paraîtra peut-être impudique, déplacé, dérangeant mais ma détresse est telle que je ne peux garder ça pour moi, même si (et heureusement) j'en parle beaucoup avec mon homme, mes parents, mon frère... Bien que, comme je le dis plus bas, la réaction de certaines personnes plus ou moins proches nous blesse parfois, j'ai besoin de partager ce que je ressens, non pas pour me faire plaindre ou pour déclencher une vague de messages ou de coups de fil, mais pour que vous sachiez, pour que vous compreniez, pour que vous essayiez de vous mettre à notre place, pour que vous mesuriez la douleur, la détresse, les questions, l'angoisse qu'entraîne cette situation...

Chemins

Contrairement à mon mari, je ne voulais pas connaître les sexes et ils ne devaient donc pas être révélés avant la naissance mais les nouvelles que nous avons apprises lors de la dernière échographie, passée vendredi dernier, enlèvent tout le charme et tout le sens de ce secret. Nous attendons donc un garçon et une fille. Dès que nous l'avons su, mon mari et moi nous sommes, naturellement et sans nous concerter, mis à les appeler par leurs prénoms, ceux que nous avions déjà choisis : Élise et Gaspard.

Gaspard va bien.

Élise a deux problèmes : une double fente labio-palatine et un problème au cerveau. La fente, si elle est isolée, ne nous inquiète pas outre-mesure ; c'est l'anomalie cérébrale à laquelle elle pourrait être associée qui est plus inquiétante. Malheureusement, à ce stade de la grossesse, le cerveau est encore trop peu formé pour que l'échographie permette d'en voir davantage.

Nous sommes donc ressortis de l'échographie avec ces quelques informations et une tonne de questions et d'angoisses.
Notre dossier a été soumis au "staff" (commission pluridisciplinaire qui discute des grossesses à risques) lundi.
La sage-femme du service de diagnostic anténatal nous a appelés hier après-midi pour nous donner un rendez-vous, la semaine prochaine, avec un Professeur du CHU spécialisé en grossesses à risques et en médecine fœtale : nous devons discuter avec lui de la possibilité de pratiquer une amniocentèse, dont l'objectif est d'obtenir le caryotype d'Élise, c'est-à-dire sa "carte chromosomique", pour détecter toute anomalie chromosomique et en évaluer la gravité, les risques, les conséquences.
Dans le meilleur des cas, nous n'aurons d'autres nouvelles que début juillet (à condition que l'amniocentèse puisse être pratiquée rapidement) puisque le premier résultat, partiel, est disponible sous 2-3 jours mais que le résultat complet n'est disponible que sous 4 semaines.

 

Dans ma tête…

  • J'y pense tout le temps. C'est ma première pensée et ma dernière pensée de la journée, ça ne me quitte pas.
  • Quand j'arrive à m'évader un instant, ça me rattrape subitement.
  • La vie est injuste : après le mal que j'ai eu à tomber enceinte et les montagnes russes du début (épisodes 1, 2, 3, 4 et 5), nous espérions (et pensions avoir le "droit" de) vivre cette grossesse sereinement et voilà que nous nous prenons une énorme claque en pleine figure.
  • Nous ne sommes pas encore tout-à-fait des parents mais ils sont déjà nos enfants.
  • Nous avons immédiatement ressenti l'envie et le besoin de les appeler par leurs prénoms pour nous dépêcher de créer un lien que nous ne sommes pas sûrs de pouvoir créer avec Élise.
  • Pour l'instant, Gaspard va bien et seule Élise nous inquiète mais il ne faut pas croire que tout est gagné pour Gaspard, ni même que tout est perdu pour Élise.
  • Nous sommes rassurés pour la double fente labio-palatine car elle se traite apparemment avec succès mais nous ne voulons pas nourrir trop d'espoirs au cas où elle "cacherait" quelque chose de plus grave.
  • L'attente et l'impuissance sont insupportables.
  • C'est bien sûr plus facile à dire qu'à faire mais nous ne devons pas nous faire de reproches, nous ne devons pas culpabiliser d'essayer de penser à autre chose, de rire, de dédramatiser, de plaisanter.
  • Le temps passe trop lentement.
  • Mon homme et moi, nous ne parlons que de ça ; quand nous nous disons "allez, on parle d'autre chose", nous n'avons pratiquement rien à nous dire.
  • Entre vendredi et hier, nous attendions avec impatience autant que nous redoutions l'appel du CHU.
  • Comment me réjouir des petits bonheurs (sentir les premières "bulles" des bébés, recevoir de nouveaux vêtements de grossesse commandés avant l'échographie) alors que nous ne savons pas si les nuages qui sont venus assombrir cette grossesse vont se dissiper ?
  • Avant, j'étais fière de montrer mon bidon ; je l'aime toujours autant mais je redoute que l'on vienne m'en parler et me demander si tout se passe bien.
  • Nous essayons de parler normalement des bébés, comme si la grossesse se passait bien, mais au fond de nous, nous savons que c'est superficiel.
  • Je n'étais déjà pas franchement sereine par rapport à cette grossesse mais maintenant, le peu de légèreté et d'insouciance que j'avais s'est complètement envolé.
  • Double fente labio-palatine : personne n'a envie de ça pour son enfant mais vu l'angoisse actuelle, s'il n'y a finalement que ça, nous serons soulagés.
  • Si nous avions attendu deux garçons, nous n'aurions pas pu décider quel prénom, entre Paul et Marceau, donner au bébé "anormal", nous aurions choisi d'autres prénoms.
  • En parler, c'est essayer d'évacuer, c'est ne pas rester seuls avec notre douleur et notre angoisse, mais c'est aussi s'exposer à la maladresse, l'indélicatesse, l'incompréhension, la froideur, le malaise, l'indifférence - jamais mal intentionnés mais souvent blessants.
  • Dans cet article du Monde concernant l'euthanasie :
    Question : Approuvez-vous le fait que la décision revienne aux médecins, et pas à la famille ?
    Réponse : Dans ce genre de situation, c'est important. C'est une sécurité d'un point de vue psychologique de ne pas avoir à porter le poids d'une telle décision. La culpabilité qui pourrait en découler est bien trop importante. C'est aussi une sécurité quand il y a désaccord au sein de la famille et que cela devient une affaire récupérée à des fins idéologiques.
    Alors pourquoi est-ce que la décision revient aux parents dans le cas d'une IMG ou d'une ISG ? Pourquoi est-ce qu'on laisse aux parents le poids, la responsabilité, la culpabilité d'une telle décision ?!
  • Dans quelques jours, nous rencontrerons un Professeur spécialisé en médecine fœtale pour évoquer la possibilité de l'amniocentèse. Maintenant que nous avons une première échéance, je me sens un peu mieux même si je sais très bien qu'il ne nous apportera aucune réponse, aucune solution par rapport à Élise, et qu'il s'agit juste d'une étape supplémentaire vers le diagnostic.

 

Il est encore trop tôt pour savoir si nous aurons à nous interroger sur l'éventualité de l'interruption de la grossesse, mais nous ne pouvons nous empêcher de nous poser des questions...

Garder Élise ou non ?...

  • Comment fait-on pour savoir si une vie vaut la peine d'être vécue ?
  • Comment fait-on pour savoir si on aura la force physique et mentale d'accueillir un enfant malade ou handicapé ?
  • L'IMG (interruption médicale de grossesse), ou plutôt l'ISG (interruption sélective de grossesse) dans notre cas (puisqu'il s'agit d'une grossesse gémellaire et que seul l'un des bébés est atteint et que l'autre est sain), n'est rien d'autre qu'un cadeau empoisonné, un choix inhumain, la boîte de Pandore.
  • En plus d'être un choix impossible, l'ISG a pour effet de tuer le bébé atteint mais aussi de faire courir un risque de mort in utero ou de séquelles graves au bébé sain.
  • Si nous étions sûrs de garder Élise quel que soit son handicap, nous ne pratiquerions pas l'amniocentèse et éviterions ainsi tous les risques - aussi faibles soient-ils - qu'elle implique : fausse couche (3 à 5% de risques en cas de grossesse gémellaire), infection, mort fœtale in utero, fuite de liquide amniotique, etc. Mais nous n'avons pas la chance (?) d'avoir de telles convictions - personnelles, éthiques ou religieuses.
  • Si la question de garder Élise se pose, comment gérer un éventuel désaccord sans mettre le couple en péril ? Comment éviter les reproches, les rancœurs, le ressentiment, les menaces que cela représenterait pour notre couple ?
  • Est-ce que c'est plus facile à vivre quand il n'y a qu'un bébé ?
  • Et la morale, l'éthique, la philosophie, l'eugénisme dans tout ça ?
  • Par moments (souvent après avoir longuement pleuré), je me sens apaisée, sereine et j'ai l'impression de savoir avec évidence ce qu'il faut faire. Et puis, le reste du temps - la majorité du temps - je replonge dans le flou le plus complet.
  • Qu'est-ce qui est le pire : accueillir un enfant dont on ne veut pas vraiment pour avoir la chance d'accueillir un enfant sain ou prendre le risque de sacrifier un enfant sain pour ne pas prendre le risque d'accueillir un enfant dont on ne veut pas vraiment ?
  • Qu'on ne garde pas Élise ou qu'on la garde avec un handicap lourd, au bout de combien de temps serons-nous capables de penser à faire un autre enfant, en sachant que ça pourrait reprendre des années avant de marcher ?
  • Une IMG n'est jamais une situation facile à vivre mais quand elle concerne une grossesse tant désirée et si chèrement obtenue et qu'en plus elle se transforme en ISG, comment expliquer la douleur et la détresse ?
  • Est-ce que la situation serait moins difficile à vivre s'il ne nous avait pas fallu 4 ans 1/2 et 3 FIV pour que je tombe enceinte ?
  • Est-ce que la situation serait moins difficile à vivre si je savais que je pourrais retomber enceinte en quelques semaines ?
  • Et si on jugeait la situation moins difficile en cas de grossesse arrivée facilement et rapidement, est-ce que ça voudrait dire que ma grossesse actuelle est plus précieuse qu'une autre, que les vies d'Élise et de Gaspard sont plus précieuses que d'autres ?

Si on ne garde pas Élise…

  • Comment gérer la grossesse avec un bébé en bonne santé et un bébé que l'on sait condamné, que l'on va euthanasier, que je vais devoir porter mort plusieurs jours ou semaines et que je vais devoir mettre au monde ?
  • Comment vivre l'accouchement simultané d'un bébé en bonne santé et d'un bébé mort ?
  • Gaspard sera quand même un jumeau sans sa jumelle toute sa vie.
  • L'une des pires choses que l'on pourrait entendre : "il vous en reste toujours un".
    Pour vous, Élise et Gaspard n'existent pas. Pour nous, ils sont bien réels.
    Est-ce que vous diriez ça à des parents qui perdent un enfant mais dont l'aîné ou le cadet est toujours là ?
    Supporteriez-vous d'entendre que votre aîné ou votre cadet compense la perte de votre autre enfant ?
  • Est-ce que l'on peut accepter une IMG "juste" parce qu'on ne se sent pas capable d'assumer un enfant différent ou handicapé ?
  • Comment et quand faudra-t-il en parler à Gaspard ?
  • Est-ce qu'on a le droit de prendre le risque de "sacrifier" Gaspard juste parce qu'on ne veut pas d'Élise ?
  • Où l'enterrer ? En Normandie ? Dans le Nord-Pas-de-Calais, d'où nous venons tous les deux ? Mais où, pour nous qui sommes originaires d'endroits éloignés de plus de 100 km ?
  • Ça se passe comment, administrativement, pour un bébé "mort-né" ?

Si on garde Élise…

  • Il ne faudra pas oublier Gaspard au profit d'Élise.
  • Si nous pouvons faire quoi que ce soit pour améliorer sa vie, la question ne se pose même pas : quels que soient les sacrifices à faire, nous les ferons.
  • Est-ce que je pourrai allaiter Élise quand même ?
  • Est-ce que l'on peut refuser une IMG "juste" parce qu'on ne se sent pas capable d'assumer le "court-terme" de cette décision, physiquement et mentalement, même si cela implique d'en assumer le "long-terme" ?
  • Est-ce que je saurai l'aimer et la regarder autant et aussi "bien" que si elle était en bonne santé ?
12 avril 2013

Première rencontre...

Aujourd'hui, nous avons passé la première "vraie" échographie et... tout va bien ! :-)

Moi qui suis une grosse dormeuse, j'ai très mal dormi et me suis réveillée à 5h du matin : étonnant, non ? ;-)

Au-delà de toutes les inquiétudes de malformations et autres anomalies qui peuvent accompagner une grossesse, ma principale angoisse était de savoir s'ils étaient encore là tous les deux et s'ils étaient encore en vie. J'ai donc pu me détendre dès le début de l'échographie, lorsque l'échographiste a confirmé ces deux points.

L'examen s'est ensuite déroulé normalement et l'échographiste a pu prendre quasiment toutes les mesures qu'elle souhaitait, au gré des mouvements des bébés ! Le premier qu'elle a examiné s'est plutôt laissé faire mais le deuxième s'est montré plus récalcitrant. A sa décharge, c'est dans sa "poche" que se trouve l'hématome - toujours présent et de taille sensiblement identique : on comprend donc qu'il soit moins à son aise et donc moins coopératif !

L'échographiste, très agréable au demeurant, ne disposait pas de l'historique des précédentes échographies (il suffisait pourtant de descendre le dossier du premier étage, celui de la PMA, au rez-de-chaussée, consacré à la gynécologie !) et n'a donc pu comparer l'aspect de l'hématome : elle n'a donc rien pu faire d'autre qu'espérer que, en dépit de la taille plutôt stable depuis la dernière échographie réalisée il y a quelques semaines, l'hématome soit en train de cicatriser. Réponse au prochain épisode !

En attendant, qu'il soit en train de cicatriser ou non, l'hématome est toujours présent et signifie donc que mon arrêt est prolongé jusqu'à la prochaine échographie prévue fin mai.

Echographe

19 mars 2013

Les montagnes russes - Episode 5

L'échographie d'aujourd'hui, réalisée par l'interne dont nous avions apprécié le professionnalisme et la sérénité la semaine dernière, a tout confirmé : les deux embryons vont toujours bien et l'hématome est toujours là mais n'a pas grossi - c'est déjà ça.

L'hématome n'ayant pas disparu et la première échographie "officielle" (les 4 que nous venons de passer n'étaient que du "bonus" !) étant prévue le vendredi 12 avril, mon arrêt est prolongé jusqu'à cette date, où nous verrons alors si ce fichu hématome a évolué.

Nous allons pouvoir souffler (un peu), croiser les doigts (beaucoup) et, en ce qui me concerne, me reposer... encore plus, puisque c'est le seul facteur de réussite de la grossesse qui dépende de moi, les autres n'étant malheureusement pas entre mes mains.

Montagnes russes

12 mars 2013

Les montagnes russes - Episode 4

Mon arrêt de travail s'arrêtait vendredi soir et je n'avais plus que des pertes marron "normales". J'ai donc repris le travail hier matin. Cette absence impromptue de deux semaines a suscité quelques questions chez mes collègues, mais il est bien trop tôt pour en expliquer l'origine, même lorsque la grossesse se déroule sans heurts et a fortiori quand elle semble si fragile...

Hier soir, j'ai de nouveau eu des saignements rouges abondants. La conséquence de mon retour au travail (qui est pourtant loin d'être physique ou pénible) ? En tout cas, notre première expérience d'il y a deux semaines nous a appris qu'il pouvait ne pas s'agir d'une fausse couche, nous nous sommes donc efforcés de garder la tête froide en attendant l'échographie de ce matin.

Une étudiante sage-femme épaulée d'une interne plus expérimentée m'examinent. L'hématome est toujours là et a même sensiblement grossi. L'interne nous soulage alors autant qu'elle nous surprend : "le premier va bien... et le deuxième aussi". Mon mari et moi échangeons des regards interloqués, pas encore prêts à nous réjouir, encore refroidis par la mauvaise nouvelle de la semaine dernière censée rendre impossible l'annonce qu'elle vient de nous faire. Nous lui demandons confirmation en lui expliquant en deux mots les raisons de notre surprise : elle nous réaffirme, sûre d'elle, qu'il y en a bien deux et nous les montre, chacun leur tour. A vrai dire, de moi-même je n'aurais pas su distinguer qu'il s'agissait de deux embryons différents mais elle nous inspire confiance et semble si sûre d'elle et si sereine que nous décidons de la croire.

L'interne nous accompagne dans le bureau de la sage-femme qui nous suit et lui confirme la double bonne nouvelle, en précisant qu'une nouvelle échographie de contrôle s'impose, en raison de la persistance de l'hématome, la semaine prochaine, ce qui lui donnera l'occasion de prendre un cliché bichorionique. Traduction : une image sur laquelle on verra bien les deux embryons.

Cette fois, nous quittons le CHU pas complètement rassurés mais le coeur un peu plus léger, en attendant la prochaine échographie, et avec, pour moi, un nouvel arrêt jusqu'au 21 mars, puisque l'hématome fait toujours des siennes.

Montagnes russes

4 mars 2013

Les montagnes russes - Episode 3

Comme prévu, nous retournons aux urgences gynécologiques ce lundi matin, la boule au ventre, les saignements ayant persisté quelques jours...

Nous voyons une autre interne qui nous affirme qu'il n'y a qu'un seul embryon, dont elle nous fait même percevoir les battements du coeur. Elle ignore s'il y en a eu deux à un moment donné ou si le deuxième embryon suspecté la semaine dernière par sa collègue n'était en réalité que l'hématome. Il semble en tout cas qu'il n'y ait pas de fausse couche en cours ou passée et que les saignements soient effectivement dus à l'hématome.

Nous quittons donc l'hôpital à la fois soulagés et déçus. Soulagés car tout n'est pas perdu ; déçus car l'idée d'avoir des jumeaux nous réjouissait. Mon mari semble mieux passer ce cap, tandis que je ressens le besoin de "faire le deuil" de ce qui n'était encore (peut-être, qui plus est) qu'un embryon. Il me faut digérer la nouvelle : même si le deuxième embryon n'était qu'une erreur d'interprétation de l'échographie de la semaine dernière, il a existé dans ma tête et dans mon coeur pendant quelques jours.

Prochaine étape dans la construction fragile de cette grossesse : une nouvelle échographie prévue dans 8 jours, planifiée dès le résultat positif du test grossesse puisqu'il s'agit d'une FIV et qui tombe donc à point nommé !

Montagnes russes

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Tannabelle et ses grumeaux
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