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Tannabelle et ses grumeaux
   
"Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'incrustent, qui t'alourdissent, qui t'immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas."
Oscar et la dame rose - Éric-Emmanuel Schmitt
   
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gaspard
19 juin 2015

00h22

Il y a 21 mois jour pour jour, Élise est née à 00h22, cinq minutes avant Gaspard.
Cette nuit, Gaspard s'est réveillé à... 00h22. Mais cinq minutes plus tard, Élise ne s'est pas réveillée.

Elle ne se réveillera jamais. La dernière fois qu'elle s'est réveillée, c'était dans mon ventre et elle ne savait pas ce qui l'attendait. Peut-être qu'elle le savait en fait. Elle nous a forcément entendus en parler, elle m'a forcément sentie pleurer

Gaspard s'est donc réveillé, jour pour jour, heure pour heure, minute pour minute, 21 mois après la naissance sans vie de sa sœur. D'aucuns diront qu'il ne s'agit que d'une coïncidence vide de sens ; je préfère y voir un signe.

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30 mai 2015

Demain

Scène (presque) ordinaire de la vie de bureau un vendredi soir.

Mon mari : Bon week-end !
Sa collègue (parfaitement au courant de notre histoire) : Bon week-end ! Et n'oublie pas Annabelle dimanche !
Mon mari : Non non.
Sa collègue : En plus, elle est doublement mère !
Mon mari : Non, triplement.
Sa collègue : ... Ah...

À force de taper sur le clou, il finira bien par rentrer !

C'est sûr, Élise ne pourra jamais me souhaiter "Bonne fête Maman !" mais je serai toujours sa mère.
C'est même elle, avant Gaspard puis Hector, qui a fait de moi une mère alors c'est dire !

25 mai 2015

Cherchez l'erreur

Aujourd'hui, comme tous les jours, Gaspard a pris son goûter.

Aujourd'hui, c’était au grand air.
Après un bon week-end en famille dans le Nord.
Sous le soleil.
Pendant que Hector faisait la sieste à côté de lui.
En jouant à ramasser les cailloux et à les mettre dans les mains de Papi-Mamie.
À l'occasion d'une halte sur le chemin du retour.

Et surtout, aujourd'hui, c'était sur la tombe de sa sœur.

Réflexion

24 mai 2015

24

Mon "bébé de droite" devenait un petit garçon.
Mon "bébé de gauche" devenait une petite fille.
Seul mon mari devait connaître le sexe des grumeaux avant leur naissance. Mais l'échographiste, après avoir commencé par le bébé de droite et après en avoir révélé le sexe à mon mari à l'abri de mes yeux et de mes oreilles, avait pensé à voix haute, toute concentrée qu'elle était sur ce qu'elle était en train de découvrir et de comprendre : "Pour la petite fille, c'est plus compliqué", avait-elle gaffé, d'un air sérieux. Une phrase, quatre informations : ce bébé est une petite fille, l'autre bébé est un petit garçon, ce bébé ne semble pas aller bien, l'autre bébé semble aller bien.

Mon "bébé de droite" devenait Gaspard.
Mon "bébé de gauche" devenait Élise.
Les prénoms de nos bébés étaient déjà choisis en fonction des trois "combinaisons" de sexes possibles. Mais nous ne devions les appeler par leurs prénoms qu'à leur naissance.

Mon "bébé de droite" restait un bébé a priori en bonne santé.
Mon "bébé de gauche" devenait effectivement un bébé malade, malformé, anormal.
Dans tous ces qualificatifs devenus indissociables d'Élise, il y a le mot "mal". Ne pas être en bonne santé, c'est mal. Ne pas être correctement formé, c'est mal. Ne pas être dans les normes, c'est mal. De là à dire qu'Élise était l'incarnation du Mal, que le Mal était en elle...

Tout cela s'est passé un 24 mai. Le 24 mai 2013. Il y a 24 mois.

23 avril 2015

Gaspard et Hector prennent l'avion

Aujourd'hui, c'est la première fois que nous prenons l'avion avec (et depuis) Gaspard et Hector. Pour Hector, je ne suis pas inquiète : un câlin, une tétée et les 90 minutes de vol devraient passer vite. Pour Gaspard, le temps lui paraîtra sans doute plus long.

Alors, au cas où mon petit crapaud dérangerait nos voisins, nous avons pris les devants pour essayer de les mettre dans de bonnes dispositions à notre égard, à travers de petites "pochettes détente" destinées à notre voisinage immédiat, à l'aller et au retour.

Au menu : des petites friandises, des mots croisés (personnalisés autour de Gaspard, Hector et notre voyage) avec un crayon pour chacun (merci Monsieur-le-fabricant-de-meubles-suédois !) et... des boules Quies ! ^^

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15 avril 2015

Franck

Franck, c'est le sage-femme qui s'est occupé de nous le 18 septembre 2013 et le 9 février 2015. Un pur hasard, une heureuse coïncidence, le destin qui se trouve pris de remords ? Peu importe. Nous avons été heureux de croiser sa route il y a bientôt 19 mois et de la croiser à nouveau il y a un peu plus de 2 mois.

Franck, c'est cet homme qui exerce un "métier de femme", auprès des femmes.
Franck, c'est celui qui sait se montrer à la fois présent et discret, impliqué et pudique, rassurant et respectueux.
Franck, c'est celui qui sait trouver les mots ou le silence qu'il faut quand il faut.
Franck, c'est celui qui connaît notre histoire et sait quoi en faire.
Franck, c'est celui que le destin a mis sur notre chemin pour deux des dates les plus importantes de notre vie.
Franck, c'est celui qui fait partie de notre histoire et de l'histoire de nos enfants.
Franck, c'est l'un de ceux qu'Élise a entendus en dernier avant de mourir.
Franck, c'est l'un de ceux que Gaspard a entendus en dernier avant de naître.
Franck, c'est celui que Hector a vu en premier.

Je me souviendrai toute ma vie de la douceur et du respect avec lesquels Franck s'est occupé de moi, de mon mari, d'Élise et Gaspard, de ses gestes rassurants, de ses yeux remplis d'empathie.

Je me souviendrai aussi toute ma vie des regards que nous avons échangés avec Franck à l'instant où Hector est né, des plaisanteries que nous avons partagées avec lui pendant l'accouchement, de son regard complice lorsque j'ai dit à Hector qui venait de naître qu'il était aussi brun que sa sœur.

Rien que de repenser aux moments si forts, si intenses que nous avons partagés avec lui m'émeut aux larmes. Je suis tellement heureuse d'avoir recroisé sa route.

merci

Mon seul regret, c'est de n'avoir pas osé lui demander de faire une photo de ou avec lui au moment où nous nous sommes quittés dans la nuit du 9 au 10 février 2015, moi dans le lit, Hector dans son berceau, mon mari à côté de moi et lui sur le pas de la porte de la chambre. Regret que je nourrissais chaque jour jusqu'à ce 14 février où j'ai eu la joie de découvrir (grâce à une amie qui m'a transmis l'information) qu'il était à l'honneur dans un reportage diffusé sur M6. Grâce à cette vidéo, nous pourrons garder une image de lui ; mieux, nous pourrons même nous remémorer sa voix et sa douceur, en écho à ce que nous avons vécu avec lui. Quel réconfort pour nous qui savons si bien que tous les souvenirs finissent par s'effacer, même les plus beaux, même les plus précieux...

6 avril 2015

Ils les font

Élise, c'était tout de suite.

Gaspard, c'était à 3,5 mois à peine. Je m'en souviens : c'était pour la nouvelle année 2014.

Et Hector, c'est à même pas 2 mois. C'est depuis vendredi.

...

...

Mais quoi donc ?!

...

...

Qu'ils font leurs nuits, pardi !

Dormir

5 avril 2015

Longueur d'ondes

Cette semaine, nous avons reçu une carte de félicitations.
Pour la naissance du "petit frère de Gaspard".
Premièrement, je me demande pourquoi ne pas avoir souhaité la bienvenue à Hector en l'appelant par son prénom. La vedette, c'est quand même lui en tant que lui, non ?
Deuxièmement, quitte à désigner Hector par une périphrase, pourquoi avoir trahi la vérité ?!

Il me semble pourtant que le faire-part de naissance de Hector ne laissait aucun doute sur le fait qu'il avait un frère et une soeur...

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En plus, leur périphrase était la formulation idéale pour inclure Élise sans se poser de question : Hector est aussi le petit frère d'Élise, qu'elle soit vivante ou pas ! Si je m'écoutais, je leur renverrais leur carte corrigée avec la mention "et d'Élise" en rouge, comme à l'école !

Je pourrais comprendre que les gens soient mal à l'aise ou n'osent pas parler d'Élise si nous faisions nous-mêmes un tabou de son passage dans notre vie mais quel signal plus fort pouvions-nous envoyer que de l'inclure sur le faire-part de naissance de Hector ?! Mais certaines personnes ne captent pas nos signaux. Un problème de longueur d'ondes, probablement.

5 avril 2015

Du haut de son étoile

Il y a longtemps que je suis via Facebook le dessinateur Jack Koch, qui se trouve être également un ancien instituteur, d'où le thème récurrent de l'enfance dans ses dessins.

Il y a quelques mois, j'avais vu passer un dessin mettant en scène un petit garçon assis sur une étoile et lançant un doudou à une petite fille. Malgré l'inversion des "rôles", j'avais évidemment pensé à Élise et Gaspard. J'ai alors contacté Jack Koch pour lui faire une demande spéciale, qu'il a acceptée : c'est ainsi que nous avons reçu, peu avant Noël dernier, notre dessin personnalisé.

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Et puis, cette semaine, après avoir vu défiler des dizaines d'autres scènes étoilées réalisées par Jack, j'ai été particulièrement touchée par l'un de ses dessins. Il m'a étreint le coeur à un point...

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Moi aussi, je voudrais lui parler.

Comment vas-tu, là-haut ou là-bas ?
Comment c'est, chez toi ?
Est-ce qu'il fait bon être morte sur ton étoile ?
Je connais plein de petits enfants comme toi, qui n'ont pas pu vivre. Est-ce que tu t'es fait des amis parmi eux ?
On ne se moque pas trop de toi ? De ta double fente labio-palatine, de ta grosse tête, de tes yeux trop écartés, de tes petites oreilles placées trop bas ? Les enfants sont souvent moqueurs entre eux ici-bas, mais peut-être pas chez toi.
Est-ce que tu nous vois ?
Est-ce que tu sais à quel point tu nous manques ?
Est-ce que tu as vu que ton petit frère a dormi 7 heures d'affilée cette nuit ?
Est-ce que nous te manquons ?
Est-ce qu'il y a des saisons chez toi ?
Est-ce que tu entends ton frère jumeau prononcer ton prénom ?
Est-ce qu'il y a la nuit et le jour chez toi ?
Est-ce que tu connais le chaud et le froid, la faim et la soif ?
Est-ce que tu nous en veux ?

 

1 avril 2015

Faire-part

Comme pour le faire-part des grumeaux, nous nous sommes posé des questions pour le faire-part de Hector, par rapport à Élise.

Comment inclure Élise sans "plomber" ce faire-part joyeux ?
Comment inclure Élise tout en faisant de ce faire-part celui de Hector, pleinement ?
Comment inclure Élise et Gaspard sur un pied d'égalité ?

Très souvent, ce sont les aînés qui "ont la joie d'annoncer" l'arrivée de leur petit frère ou petite sœur. Nous souhaitions nous inscrire dans cette lignée mais, contrairement à Gaspard, Élise ne pouvait évidemment pas "annoncer" l'arrivée de son deuxième petit frère.

Nous avons donc contourné ce problème grâce à une autre formulation qui ne faisait, syntaxiquement parlant, pas de différence entre Élise et Gaspard.
Quant aux hiboux, ils n'ont pas de signification particulière ; nous les trouvions simplement mignons et assez "dépersonnifiants" pour représenter notre famille de façon à la fois joyeuse et complète.
Nous avons également choisi des couleurs vives, toujours dans cet esprit de réjouissance, et volontairement évité les étoiles (symbole d'Élise), histoire que ce faire-part soit bien celui de Hector.

Et enfin, comme nous souhaitions qu'Élise soit présente au même titre que Gaspard, mais avec une référence aussi subtile que possible à son destin particulier, nous avons choisi d'inclure une citation faisant allusion à la fois au drame que nous vivons (c'est volontairement que j'emploie le présent et non le passé composé) et au fait que nous avançons malgré tout : une piqûre de rappel pour ceux qui voudraient reléguer Élise aux oubliettes ou qui pensent que nous restons dans le passé en continuant à parler d'elle.

La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie.

La pluie, c'est notre Élise ; et ce sont Gaspard et Hector qui nous apprennent à danser...

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