Mon séjour à la maternité a duré moins longtemps pour Hector que pour Élise et Gaspard ; j'ai par ailleurs vécu de plein fouet le fameux baby-blues dès le mercredi soir (Hector étant né un lundi soir), ce qui m'a rendue très émotive et donc peu disponible pour autre chose que Hector ou moi. Ainsi, je n'ai pas eu autant d'occasions que je l'aurais souhaité de coucher sur le papier ce que nous venions de vivre et les émotions qui m'habitaient immédiatement autour de cette naissance.
J'ai commencé à ressentir des contractions de plus en plus intenses et rapprochées le samedi 7 février. Le dimanche soir, j'ai même perdu un peu de sang, ce qui m'a conduite à téléphoner aux urgences maternité du CHU où je suis suivie pour m'entendre dire qu'il s'agissait probablement du col qui commençait à se préparer un peu ou de la perte du bouchon muqueux.
Le lendemain matin, le lundi 9 février donc, les contractions étaient toujours aussi présentes. J'ai passé la matinée allongée alternativement dans le lit, le canapé et un bon bain chaud, histoire d'essayer de me dé-contracter. Mon mari est rentré déjeuner comme tous les midis et m'a trouvée à moitié contorsionnée à chaque contraction. En début d'après-midi, à 14h49 exactement (je le sais, mon appel figure encore dans l'historique de mon téléphone ^^), ayant constaté que les contractions, en plus d'être douloureuses, étaient espacées de moins de cinq minutes, j'ai téléphoné aux urgences maternité où l'on m'a conseillé de venir leur rendre une petite visite.
Le temps de prévenir mon mari, de finaliser les affaires de Gaspard, d'aller le récupérer à la crèche et de le déposer chez ma belle-sœur (qui était par chance en congé ce jour-là), mon mari et moi avons dû arriver au CHU vers 16h30.
Prise en charge aux urgences maternité, monitoring, examen clinique... et finalement, vers 17h30, LA petite phrase tant attendue : "on vous garde". Ouf ! Contrairement à ce que je craignais, il s'agissait bien de contractions d'accouchement et non d'un faux travail.
La sage-femme qui nous prend alors en charge s'appelle Aurélie ; je la connais déjà puisque c'est elle qui s'est occupée de moi en unité kangourou après la naissance d'Élise et Gaspard. Elle est douce, gentille, prévenante et au courant de notre histoire particulière. Que demander de plus ?
Je ne me souviens plus du timing exact mais je me rappelle que l'anesthésiste n'a pas tellement tardé à venir me poser la péridurale. Je me rappelle surtout son humour décalé, pince-sans-rire, qui pourrait même en vexer plus d'un. Heureusement, je suis sur la même longueur d'ondes que lui et rentre dans son jeu.
Petit florilège :
- Selon lui, la péridurale n'est pas nécessaire puisque je ne semble pas souffrir tant que ça. C'est que je sais me tenir, moi, Môssieur ! Rester digne en toutes circonstances, tel est mon credo.
- Il m'interroge sur ma gestité. Je lui résume ma première grossesse en quelques mots. Et lui de s'exclamer : "et à part des enfants, vous faites quoi dans la vie ?"
- D'où la question suivante, quand je lui apprends que je travaille dans la traduction : "vos parents sont étrangers ?". Non, non, mes parents sont franco-français. "Ah oui, des ploucs de base, quoi". "Oui, comme vous et moi."
Bref, une fois la péridurale posée, Aurélie m'examine de temps en temps et se montre à la fois inquiète et rassurante : Hector n'est pas très bien positionné, il regarde vers le haut, mais l'examen clinique laisse penser que je pourrais accoucher assez rapidement, d'ici 21h00.
Peu avant la fin de son service, Aurélie nous informe qu'elle ne pourra pas pas terminer l'accouchement avec nous et qu'elle va devoir passer le relais. À tout hasard, nous lui parlons de Franck. Quelques minutes plus tard, elle revient avec une nouvelle qui nous ravit : Franck est de service ce soir et va pouvoir s'occuper de nous ! L'accouchement touche à sa fin, nous ne passerons que quelques petites heures ensemble mais nous sommes heureux de le retrouver.
Hector continue à faire des siennes en regardant vers le haut. Franck me fait changer de position pour l'aider à se placer naturellement dans la bonne position.
En parallèle, le monitoring révèle que Hector commence à souffrir du travail : son rythme cardiaque ralentit considérablement à chaque contraction. Franck prélève alors sur son crâne de quoi tester ses lactates (et nous informe au passage que "c'est pas la fête du cheveu" ^^) afin de confirmer ou infirmer le manque d'oxygène dont semble souffrir Hector. Le taux se révèle rassurant à ce stade de l'accouchement.
Un peu plus tard, alors que Franck revient m'examiner pour voir où en est la dilatation de mon col,je me fais gentiment rappeler à l'ordre car il semblerait que j'aie légèrement abusé de la péridurale : je n'arrive pas à bouger seule mes jambes et mon bassin. "Va falloir se calmer un peu". Bien, chef ! À ma décharge, quand on me dit de ne pas hésiter à appuyer, eh bien je n'hésite pas à appuyer...! ^^
Franck nous annonce ensuite que c'est pour bientôt. Là encore, je ne me souviens plus du timing exact mais, alors que Franck craignait de devoir recourir aux forceps pour sortir Hector en raison de sa mauvaise position, ce dernier a finalement eu la bonne idée de se retourner de lui-même.
Quelques poussées plus tard, Hector pointe le bout de son crâne et mon mari peut alors, comme Franck le lui avait proposé et comme il le souhaitait, finir de le sortir lui-même, avant de couper son cordon, comme pour Élise et Gaspard. Hector met un peu de temps à réagir, il semble légèrement sonné, l'accouchement a été éprouvant pour lui, ce que nous confirme Franck après avoir à nouveau testé ses lactates : il était temps que Hector sorte car il commençait véritablement à manquer d'oxygène. Comme quoi, tout peut basculer à n'importe quel moment, même quand la grossesse s'est parfaitement déroulée... Petite frayeur a posteriori donc, heureusement vite balayée par la confirmation de Franck : Hector va très bien.
Pendant que je reprends mes esprits, mon mari en profite pour accueillir Hector par une petite séance de peau-à-peau, avant que je ne l'accueille à mon tour par la "tétée de bienvenue".Ensuite, alors que Franck répare la petite déchirure que j'ai paraît-il subie, mon mari habille Hector avec l'aide de l'auxiliaire de puériculture. La taille "naissance" est vite écartée : Hector enfile directement la taille "1 mois", là où Gaspard a porté pendant quelque temps la taille "prématuré" et où Élise n'a porté que du naissance, puisque nous n'avons pas trouvé de vêtement (et non un pyjama) en taille "prématuré" pour elle.
Arrive ensuite le moment pour Hector, mon mari et moi de rejoindre la chambre et de quitter Franck, à regrets mais avec le bonheur d'avoir partagé avec lui tous ces moments si forts.