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Tannabelle et ses grumeaux
   
"Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'incrustent, qui t'alourdissent, qui t'immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas."
Oscar et la dame rose - Éric-Emmanuel Schmitt
   
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16 mars 2018

Réflexion(s)

Si, physiquement, cette grossesse se passe pour l'instant sans problème, il n'en va pas de même - loin de là - psychologiquement. Ce billet sera décousu, comme mes pensées. D'ailleurs, il est classé dans la catégorie « La grossesse d'après », mais si je voulais aller au bout des choses, je devrais la renommer « LES grossesseS d'après », car je n'ai assurément pas gagné en sérénité depuis la grossesse de Hector !

. Mort foetale in utero, sous-entendu inexpliquée.
. Tours de cordon.
. Infections diverses.
. Accouchement prématuré.
. IMG.
. Malformations.
. Prééclampsie.
. ...
Cette liste est longue, interminable, infinie. C'est la liste de tout ce qui peut (mal) se passer pendant une grossesse. Pendant cette grossesse.

Pas par caprice ou velléité, mais pour être débarrassée d'une trop lourde responsabilité, je n'attends qu'une chose : que cette grossesse soit terminée, que ce bébé soit né, que mon ventre ne soit plus son cocon.

La foudre peut tomber plusieurs fois au même endroit ; le malheur n'immunise pas contre sa récidive.

- Vous tentez la p'tite fille.
- Non, on tente le bébé en pas trop mauvaise santé.
Bordel, c'est quoi cette injection d'avoir au moins un garçon et une fille dans une fratrie ?! Hector est une erreur, un second choix parce qu'il est un garçon ?! Et ce bébé sera un échec ou une déception de plus s'il est de sexe masculin ?! Et puis vous savez quoi, si j'avais le choix, je ne choisirais pas une petite fille ! Si c'en est une, il faudra bien que je m'y fasse, il faudra bien que je finisse par l'aimer, mais si j'avais ce pouvoir, je donnerais un zizi à ce bébé.

Que le premier qui me dit « Il n'y a pas de raison [que ça se passe mal] » m'explique la raison des malformations d'Élise ! Personne n'en sait rien. Personne ne sait comment vont se passer cette grossesse et l'accouchement.
Peut-être que ce bébé est déjà malade, déjà en train de mourir, déjà mort.
Peut-être que le destin a déjà mis en branle son plan machiavélique.
Peut-être qu'il est déjà écrit quelque part que ce bébé ne rejoindra pas physiquement notre famille.

************

À chaque fois que je caresse mon ventre, je me dis que tu es peut-être mort.

J’ai hâte de te sentir pour avoir un moyen, certes pas infaillible, de savoir si tu es encore vivant.

Moi qui espérais pouvoir profiter d’un suivi de grossesse « light », loin de l'hôpital, avec une sage-femme libérale, voilà que le gynéco qui nous a fait passer l’échographie du premier trimestre ne l'a pas vraiment entendu de cette oreille. Compte tenu de notre histoire, il nous a vivement recommandé un suivi centralisé en maternité (principalement pour éviter les pertes d’informations entre les différents intervenants et donc pour limiter les risques de « passer à côté de quelque chose ») ainsi que des échographies plus fréquentes que dans le cadre d’un suivi lambda. Moi qui voulais essayer « d’oublier » la médicalisation renforcée, quoique justifiée, de mes deux premières grossesses, je n’y couperai pas pour celle-ci, ni pour la ou les suivantes si elle n'est pas la dernière...

Depuis quelques mois, j’ai retrouvé une psychologue près de notre nouveau chez-nous et nos derniers entretiens tournent exclusivement autour de cette grossesse et d’Élise. J’ai reporté mon prochain RDV avec elle, initialement prévu avant la prochaine échographie (programmée au même stade que celui où les malformations d’Élise avaient été détectées), à après cette écho, au cas où elle apporterait son lot de mauvaises nouvelles et que j’aurais besoin d’en parler.

Neuropédiatrie

Voilà à quoi ressemble une grossesse chez moi maintenant : la grossesse est pour moi le lieu de tous les dangers. Alors voilà pourquoi j'ai hâte que cette période soit derrière nous.

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Commentaires
J
Je n’ai pas vécu le même drame que vous mais j’ai fait une fausse couche précoce juste avant Augustin et j’ai pris conscience du fait que mon corps pouvait être responsable de la « survie » de mon bébé. Je m’en voulais énormément dès que je me faisais mal au niveau du ventre (put*** de poignées de porte mal placées) ou lorsque je tombais (à noter une belle dégringolade des escaliers).<br /> <br /> La grossesse d’Augustin n’a pas été sereine du tout : les trois premiers mois, j’ai redouté une nouvelle fausse couche, puis ensuite l’angoisse d’une malformation et la peur de la mort on utero. Je n’avais qu’une hâte : que la grossesse se termine et que je ne sois plus la seule personne « responsable » de la survie de mon bébé... :(
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M
Je ne suis ni devin, ni magicienne, mais je peux tout de même vous souhaiter un bébé en bonne santé. Que ce petit puisse grandir sereinement auprès de ses frères et qu'il fasse la connaissance d'Elise à travers vos récits et ceux de ses frères.<br /> <br /> J'ai eu la chance d'avoir un bébé en bonne santé au mois de janvier après un accouchement particulièrement douloureux - encore une fois c'est un moindre mal..<br /> <br /> Je ne peux imaginer votre douleur et celle de vos proches mais votre témoignage permet de soulever un tabou important et d'aider également les proches de parents endeuillés (comme éviter des remarques blessantes..). Une douce pensée pour Elise.
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