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Tannabelle et ses grumeaux
   
"Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'incrustent, qui t'alourdissent, qui t'immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas."
Oscar et la dame rose - Éric-Emmanuel Schmitt
   
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deuil perinatal
5 mars 2015

Si c'était à refaire

Ce n'est pas ce billet - exception faite des trois courts billets publiés récemment - que j'aurais voulu publier en premier après la naissance de Hector. Mais il faut que je me libère de ce qui me torture en ce moment, pour pouvoir me consacrer, plus tard, avec la légèreté et la joie qu'il mérite, au récit de sa naissance.

 

Je ne sais pas ce qu'il adviendra de ce blog.
Je ne sais pas combien de temps encore j'aurai des choses à lui confier.
Je ne sais pas s'il deviendra un jour plus qu'un blog.
Je ne sais pas s'il passera, d'une façon ou d'une autre, à la postérité familiale.
Je ne sais pas si Gaspard et Hector le liront un jour. Le cas échéant, je ne sais pas ce qu'ils penseront de ce blog et de ce que j'y raconte. J'espère que la relation que je construirai avec chacun d'entre eux d'ici là saura modérer le ressentiment ou l'incompréhension qui pourraient les saisir à la lecture de certains billets.
Car je me suis promis l'honnêteté, quel que soit "mon lectorat".

Et l'honnêteté est douloureuse en ce moment.

La vérité, c'est que ce n'est pas Hector que je voulais bercer. Ce n'est pas Hector qui devait être le deuxième bébé à la maison. Peut-être qu'inconsciemment, je m'attendais à avoir Élise dans les bras alors la déception est rude. Ce n'est pas Hector qui me déçoit ; je me déçois moi-même parce que je me suis trompée, dupée moi-même - volontairement ou non, consciemment ou non.
D'ailleurs, l'ambiguïté entre le français et l'anglais sur ce point est troublante : on pourrait croire que "déception" se traduit par "deception", alors que ce terme signifie en réalité "tromperie". La déception et la tromperie ne sont donc pas si éloignées...

Je suis sur pilote automatique avec Hector. Certes, je l'allaite, je le porte, je le change, je le câline, mais tous mes gestes envers lui sont comme vides. Vides de sens, vides d'amour. Je ne ressens pas l'affection que j'ai immédiatement ressentie pour Élise et Gaspard, je n'éprouve pas cet élan d'amour envers lui. Je suis comme anesthésiée, mon coeur est sec alors que mes yeux sont si humides.

J'ai l'impression que c'était plus facile avec Gaspard alors même que nous étions en pleine tempête, emportés dans ce tourbillon d'émotions contradictoires et tellement intenses. Je pensais que le fait que Gaspard soit le jumeau de notre enfant décédée nous épargnerait un peu lorsque l'enfant d'après arriverait. Je répétais que Gaspard était la fois le bébé d'en même temps et le bébé d'après. C'est faux, je me trompais. Gaspard n'est que le bébé d'en même temps et Hector est pleinement le bébé d'après, avec tout ce que cela implique, même (surtout ?) si cet "après" entre Élise et lui a été court.

Je me souviens de ce billet, où je croyais que la présence de Hector parmi nous serait une évidence, malgré les hauts et les bas que je vivais pendant sa grossesse. Ce n'est pas le cas. Sa présence n'a rien d'une évidence, le lien que je dois construire avec lui n'a rien d'une évidence. J'ai l'impression que tout est à (re)bâtir, même les fondations qui étaient déjà présentes avec son frère et sa sœur.

Ce genre d'aveu n'est pas facile.
Pas facile à se faire à soi-même, d'abord.
Pas facile à faire au père de ses enfants, non plus. Alors que mon mari et moi avons pour habitude de communiquer, surtout depuis Élise, surtout lorsqu'il s'agit de nos enfants, il m'a fallu plusieurs jours pour oser lui en parler, au détour d'un simple "Je vais reprendre rendez-vous avec la psychologue."
Pas facile à faire aux autres.
Car ces mauvais sentiments, voire cette absence de sentiments, me culpabilisent, évidemment. Comment une mère peut-elle ressentir un tel vide face à son enfant qui vient de naître ? Quelle injustice pour ce petit bout qui ne demande qu'à être aimé et rassuré !
Sans parler de la culpabilité qui m'envahit quand je pense à ces parents que je connais et qui n'ont pas (encore ?) eu la chance de vivre une grossesse heureuse depuis le décès de leur(s) enfant(s).
Et sans parler de l'envie que j'éprouve envers ces autres parents qui ont semblé sincèrement n'être qu'heureux lorsque "l'enfant d'après" est arrivé dans leur vie.

Certains doivent sourire à demi-lèvres : ils nous l'avaient dit, ils ont essayé de nous prévenir, ils ont tenté de nous mettre en garde. Car, aussi honteux et douloureux que cela puisse être, j'en viens à avoir des regrets : nous n'aurions pas dû refaire un enfant si vite. Si vite après Gaspard, si vite après Élise.

Si c'était à refaire, je ne sais pas si je le referais.
Pire : si c'était à refaire, je crois que je ne le referais pas.

Réflexion

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18 février 2015

Rien n'y fait

Il y a 17 mois, nous donnions la mort et nous donnions la vie.
Il y a 9 jours, nous donnions à nouveau la vie.

Tes frères nous comblent de bonheur mais ne comblent pas le vide que tu as laissé.

Tu me manques. Je t'aime.

25 janvier 2015

Les chaussures

Voici un texte que j'ai découvert aujourd'hui. Dès la première phrase, j'ai compris de quelles chaussures il s'agissait.

Je porte une paire de chaussures.
Elles sont très laides, inconfortables ; je les déteste.
Chaque jour, je les porte et chaque jour, je rêve que j'en porte d'autres.
Certains jours, mes chaussures me font tellement souffrir que je pense ne plus pouvoir avancer.
Personne ne me parle jamais de mes chaussures mais je peux lire dans les yeux de qui me regarde que chacun est soulagé que ce soit les miennes.
Personne ne me parle d'elles.
Pour vraiment comprendre ces chaussures, vous devez les porter, mais une fois que vous les aurez aux pieds, jamais plus vous ne pourrez les enlever.
Je me rends compte que je ne suis pas seule à porter ces chaussures.
Il y a beaucoup de paires de par le monde.
Certaines femmes sont comme moi et elles essayent de marcher avec la douleur quotidienne de ces chaussures.
Certaines ont appris comment marcher avec ces chaussures et elles ne sont plus autant blessées.
Aucune femme ne mérite de porter ces chaussures.
Pourtant, c'est à cause de ces chaussures que je suis une femme forte.
Ces chaussures m'ont donné la force d'affronter n'importe quoi.
Elles ont fait de moi ce que je suis.
Je marcherai toujours dans les chaussures d'une femme qui a perdu un enfant.

Ce genre de textes est souvent écrit au nom des mamans mais je sais que les papas aussi portent ces chaussures.

Réflexion

16 janvier 2015

Même au siècle prochain

Il y a ces phrases que l'on lit ou entend parce que nous sommes en janvier et qu'en janvier il faut nécessairement présenter ses vœux.

Une bonne santé pour vous et vos proches. Avec un peu de motivation, le reste suivra.
Ça ne peut être qu'une blague ! À moins que ce ne soit un de ces sms envoyés en masse... En tout cas, nous devons sacrément manquer de motivation pour qu'Élise soit toujours aussi morte, près de seize mois après sa naissance !
Mon mari est plus tolérant que moi envers ces personnes qu'il juge simplement maladroites. Moi, je considère que ce n'est plus de la maladresse mais de l'indifférence, voire de la violence - involontaire certes mais de la violence tout de même - quand la personne à l'origine de ces "vœux" est parfaitement au courant de notre histoire.

Tout ce que vous pouvez souhaiter.
Nous ne sommes pas gourmands, "tout ce que [nous pouvons] souhaiter" tient en onze mots : qu'Élise soit vivante et en bonne santé à nos côtés. Mais c'est vrai que la motivation à ce que notre souhait se réalise nous fait défaut, alors nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes !...
Là encore, c'est à nous de ne pas prêter attention à ces vœux passe-partout et envoyés collectivement, et non aux autres de faire attention à ce qu'ils font, disent ou écrivent. Les gens ne font pas attention aux autres, se contentent de superficialité et de bienséance creuse. C'est ça, le monde dans lequel on vit aujourd'hui.

Pourtant j'en ai reçu des vœux qui tombaient juste, qui nous étaient réellement adressés, qui ne sonnaient pas faux, qui tenaient compte de notre histoire. C'est que c'est possible alors !... Je commençais à croire que j'étais trop susceptible ou trop exigeante ou - pire - que pour réussir le test des banalités de janvier, il fallait être le moins sincère possible !

 

Il y a aussi ces phrases que l'on entend à longueur de temps, peu importe que l'on soit en janvier ou non.

Il faut aller de l'avant.
Prévoir un voyage, avoir des projets professionnels, recevoir des amis, organiser Noël à la maison : n'y voyez-vous pas le signe que nous allons de l'avant, comme vous vous obstinez à nous y exhorter, sans même y réfléchir ?!

La vie continue.
Quand j'entends ça, j'ai juste envie de répondre - au choix - que "la vie continue, certes, mais sans Élise, ce qui fait quand même une sacrée différence" ou que "la vie d'Élise ne continue pas, elle, justement".
Sinon, pour être un peu plus constructive ou moins sarcastique, je peux aussi poser cette question : faire un troisième enfant... quelle plus belle preuve (même si nous n'avons rien à prouver et aucun compte à rendre, à part à nos enfants peut-être) que c'est la pulsion de vie qui prend le dessus sur la pulsion de mort ?!

Alors évidemment, quand on me demande comment s'est passé Noël, je ne peux pas ne pas parler d'Élise.
Parce que si moi je n'en parle pas, qui en parlera ?!
Parce que, ne vous en déplaise, Élise était aussi absente que Gaspard était présent.
Parce que j'ai autant regretté l'absence d'Élise que je me suis réjouie de la présence de Gaspard.
Parce que j'ai à la fois vécu le deuxième Noël avec mon fils et le deuxième Noël sans ma fille.

C'est sûr qu'il est plus facile d'asséner des phrases toutes faites plutôt que de s'intéresser vraiment à nous et de s'interroger sur le chemin que nous avons parcouru depuis le début de notre cauchemar il y a bientôt vingt mois. C'est sûr qu'il est plus facile de balancer des banalités vides de sens que de chercher à dépasser le stade du superficiel.

Mais ce que certains n'ont pas compris, c'est que ce n'est pas parce que nous parlons d'Élise que nous n'avançons pas.
Élise est notre fille, notre enfant, au même titre que Gaspard - et Hector. Alors bien sûr, je ne peux pas vous raconter ses derniers progrès, son sommeil perturbé, ses clowneries, son histoire d'amitié avec Simon-le-lion, ses "La ! La ! La !" intempestifs. Mais je peux quand même vous parler d'elle, des chansons que j'écoute en pensant à elle, des objets que nous déposons sur sa tombe, de sa présence à sa façon dans la maison, du fait qu'elle me manque terriblement, du fait que je n'ai pleuré que trois fois en pensant à elle en 2015, du fait que je pense à elle tous les jours, du chemin de deuil sur lequel j'avance tant bien que mal.
Il y a une chose que les gens vont devoir comprendre et admettre une bonne fois pour toutes : Élise fait partie de moi. Et, comme le chante Vanessa Paradis, même au siècle prochain, j'en parlerai encore. Et quand on sait qu'il y a peu de chances que je voie le siècle prochain, étant née au milieu des années 1980, on mesure la valeur d'éternité que cette simple phrase revêt pour moi.

Même si je préfère m'abstenir de participer à la campagne généralisée des "meilleurs vœux" et compagnie, me contentant de répondre de la façon la plus sincère possible à ceux que l'on m'adresse, je ne peux m'empêcher de partager avec vous cette image si parlante :

Voeux 2015

8 janvier 2015

Le poids des mots

Aujourd'hui, dans une salle d'attente, une dame a engagé la conversation.

- C'est votre premier enfant ?
- Mon troisième.
J'ai volontairement évité de donner plus de précisions mais elle a enchaîné :
- C'est un garçon ou une fille ?
- C'est un petit garçon.
- Et vous avez déjà ?
- J'ai eu des jumeaux : un garçon et une fille, mais ma fille est décédée.
 
Je crois que c'est la première fois que je parle d'Élise à un(e) inconnu(e) en ces termes.
D'habitude, je n'aime pas le dire comme ça parce que j'ai l'impression non pas de trahir Élise mais de déguiser la vérité. Pourtant, aujourd'hui, c'était la réponse qui me convenait.
 
Quand je dis qu'Élise est décédée, les gens ne sont pas "invités" à se poser des questions, ils n'ont pas d'autre choix que de comprendre, admettre, reconnaître - de façon implicite et sans même en avoir conscience - que cela veut dire qu'Élise a vécu et existe.
Quand je dis qu'Élise est née sans vie, j'ai le sentiment que sa vie - c'est-à-dire le fait qu'elle ait vécu, même si ça n'a été qu'in utero - et son existence sont comme remises en cause, atténuées, dévalorisées - dans le sens où elles auraient moins de valeur que la vie et l'existence de Gaspard, par exemple.
Pourtant, je peux vous le garantir, Élise a vécu, Élise a existé, Élise existe. Je crois que je veux défendre cette réalité, cette vérité d'autant plus farouchement qu'il s'agissait de jumeaux. Jusqu'à ce mercredi 18 septembre 2013 à 12h15, il n'y avait AUCUNE différence entre Élise et Gaspard : ils étaient aussi vivants et présents l'un que l'autre, ils existaient autant l'un que l'autre. Je les ai portés tous les deux. Je les ai nourris tous les deux in utero. Ils avaient chacun leur cordon ombilical : c'est même mon mari qui les a symboliquement coupés tous les deux. Ils avaient chacun leur placenta : je les ai vus tous les deux après la délivrance.
 
Élise est née sans vie.
Cette dénomination en apparence si anodine fait pourtant une distinction loin d'être insignifiante : la naissance, la vie et la mort sont trois choses différentes. Elles ne se produisent pas nécessairement toujours dans le même ordre ; et quand elles se produisent dans un ordre différent de "l'ordre des choses", elles ne portent même pas leur nom.
Il faut dire que même (ou surtout ?) l'acte d'état civil qui concerne Élise reflète la perception erronée que certains peuvent avoir de la réalité que vivent les parents confrontés au décès, quelle qu'en soit la raison, de leur enfant avant sa naissance. Car le seul acte d'état civil qui sera jamais associé à Élise - cet "acte d'enfant sans vie" - ne lui reconnaît pas grand chose : elle n'est pas née, elle n'a pas vraiment vécu et de fait elle n'a pas pu mourir.
Nulle part il n'est fait mention de sa naissance. Pourtant, il a bien fallu qu'elle sorte, qu'elle quitte mon utérus, qu'elle vienne au monde, qu'elle naisse...
Nulle part il n'est fait mention qu'elle a vécu puisque le seul constat relatif à la vie la concernant est négatif : "sans vie".
Nulle part il n'est fait mention qu'elle est morte, puisque cela impliquerait de fait qu'elle a vécu.
Voilà ce que l'administration dit de cet être qui me manque tant et dont je dois, malgré tout, faire le deuil : il n'a pas vécu, il n'a donc pas pu mourir et il n'est même pas né. Alors pourquoi la société comprendrait-elle, appréhenderait-elle les choses différemment ?

Réflexion

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5 janvier 2015

Return to zero

J'ai plusieurs billets en tête depuis quelques jours mais j'ai préféré, aujourd'hui, m'adapter à l'actualité. Et l'actualité du jour, c'est l'annonce de la diffusion à la télévision française du film Return to zero, réalisé par Sean Hanish à partir de sa propre histoire, celle du décès in utero de son fils Norbert, à quelques jours du terme, en 2005. Ce film est en réalité le premier (et, pour l'instant, le seul) film consacré au deuil périnatal : vous imaginez aisément ce qu'il représente pour les parents endeuillés.

Return to zero 1

Après quelques avant-premières mondiales et une diffusion télévisuelle dans plusieurs pays en 2014, le film arrive enfin en France. Malheureusement, il n'aura pas l'honneur de sortir au cinéma, le sujet n'étant pas assez attractif ni rentable, évidemment.
C'est TF1 qui a acheté les droits et, alors que la diffusion était attendue pour 2014, le film sera finalement/enfin diffusé le vendredi 16 janvier à 15h15, sous le titre Un berceau sans bébé.

Grâce à une amie vivant en Grande-Bretagne, où le film a été diffusé en mai dernier, j'avais récupéré la version anglaise et des sous-titres anglais il y a plusieurs mois déjà mais n'avais pas encore trouvé la force de le regarder. Sans doute parce que mon mari ne l'aurait pas regardé sans au moins des sous-titres en français et que je ne voulais pas le regarder seule. Avec cette version française désormais bientôt accessible, je n'aurai plus d'excuse.

On peut regretter le jour et l'heure de diffusion, qui en font un "téléfilm de l'après-midi" parmi d'autres.
On peut aussi se réjouir qu'il soit diffusé sur une chaîne gratuite à large audience.
On peut par ailleurs espérer qu'il sera disponible en replay dans les jours suivant sa diffusion.

Il ne tient qu'à nous, à qui ce film tient tant à cœur, de communiquer sur sa diffusion et d'en faire la promotion autour de nous !

29 décembre 2014

Le papa

J'ai souvent entendu dire qu'une femme devient mère le jour où elle se sait enceinte.
J'ai souvent entendu dire aussi qu'un homme devient père le jour où son enfant naît.
Il y a sans doute une part de vérité dans ces deux phrases.
Mais il y a aussi des hommes qui deviennent pères bien avant la naissance de leur enfant.
Il y a des hommes qui imaginent, pensent, rêvent leur enfant alors même qu'il tarde à arriver.
Des hommes qui font un bébé dans leur tête avant de le faire en vrai.
Des hommes qui assistent à tous les rendez-vous du parcours d'AMP, même les facultatifs.
Des hommes qui passent et repassent tous les examens médicaux de bonne grâce parce qu'ils jugent normal de faire leur partie du boulot dans ce parcours d'AMP.
Des hommes qui s'impliquent dans la grossesse espérée autant que les traitements de stimulation de la fertilité le leur permettent.
Des hommes qui prennent des jours de congé "juste" pour accompagner leur femme lors des ponctions d'ovocytes ou de kystes ou lors des transferts embryonnaires.
Des hommes qui assument tout dans la maison "juste" parce que leur femme doit se ménager pour favoriser l'implantation des embryons replacés.
Des hommes qui sont aussi déçus que leur femme par les tentatives de FIV infructueuses.
Des hommes qui sont aussi heureux que leur femme par le transfert réussi de deux embryons, confirmé par le premier test de grossesse positif de leur couple.
Des hommes qui sont aussi inquiets que leur femme lorsqu'elle perd du sang en début de grossesse.
Des hommes qui sont aux petits soins pour leur femme qui doit se reposer pour favoriser la résorption du décollement placentaire à l'origine des saignements.
Des hommes qui empruntent les mêmes montagnes russes que leur femme lorsqu'on leur annonce qu'un des deux embryons ne vit plus, puis qu'il n'y a jamais eu qu'un seul embryon et enfin que les deux embryons vivent toujours.
Des hommes qui sont aussi soulagés que leur femme lors de la première échographie officielle qui confirme que les deux bébés vont bien et que le décollement placentaire est en voie de résorption.
Des hommes qui tombent d'aussi haut que leur femme lors de l'échographie suivante qui révèle, sans prévenir, que leur petite fille ne va pas bien.
Des hommes qui prennent un jour de congé pour assister au rendez-vous de diagnostic anténatal et soutenir leur femme pendant l'amniocentèse.
Des hommes qui ont besoin, comme leur femme, de voir la psychologue après l'annonce des malformations de leur bébé à venir.
Des hommes qui, comme leur femme, se posent des milliers de questions sur la suite de la grossesse, l'avenir de leur bébé malade, le futur de leur famille à peine en construction.
Des hommes qui, même si leur consentement n'est pas officiellement requis, participent autant que leur femme à la pire décision concernant la vie de leur enfant.
Des hommes qui sont aux côtés de leur femme à chaque instant de la grossesse, le jour comme la nuit, à la maison ou à l'hôpital.
Des hommes qui profitent de leur enfant autant que la barrière du ventre de leur femme le leur permet.
Des hommes qui préparent avec leur femme l'arrivée si particulière de leur enfant.
Des hommes qui tiennent la main de leur femme lors du geste fatidique pratiqué sur leur bébé dans le ventre de leur femme.
Des hommes qui soutiennent leur femme dans chaque contraction qui les rapproche de la naissance sans vie de leur enfant.
Des hommes qui coupent le cordon de leur enfant né sans vie.
Des hommes qui bercent leur enfant né sans vie.
Des hommes qui puisent au plus profond d'eux-mêmes la force de prendre des photographies de leur enfant décédé parce qu'ils savent qu'ils n'auront pas de seconde chance.
Des hommes qui ont la douloureuse fierté de porter le cercueil de leur enfant jusqu'à la tombe.
 
Et malgré tout ça, certains pensent encore que "c'est moins difficile pour le papa" ou que "c'est surtout pour la maman que ça doit être dur".
Alors qu'il suffirait de presque rien pour adoucir, ne serait-ce qu'un peu, ne serait-ce que l'espace d'un instant, la peine du papa... Par exemple en lui demandant, à lui, comment il va - au lieu de lui demander des nouvelles de la maman, comme si lui n'avait pas perdu d'enfant. Par exemple, si vous avez un cadeau destiné au bébé décédé, en l'offrant aux deux parents - au lieu de le tendre uniquement à la maman. Par exemple.
Tout simplement en considérant, dans vos gestes et vos paroles, que le papa aussi a perdu un enfant, que le papa aussi est en deuil, que le papa aussi souffre de l'absence de sa fille. Parce que c'est tout simplement la vérité.
24 décembre 2014

Conte de Noël

C'est un conte de Noël que j'ai découvert l'an dernier déjà. Depuis, il "tourne" régulièrement entre les parents endeuillés.
Je ne sais pas s'il m'aurait autant touchée il y a plusieurs mois de cela, je l'aurais peut-être trouvé "gnangnan". Toujours est-il qu'aujourd'hui il me parle et m'émeut. J'y lis l'espoir que mon Élise reçoive, au plus profond et au plus pur de son âme, tout l'amour que j'ai pour elle, particulièrement en ces moments censés être partagés en famille.

Comme souvent sur Internet, les pillages et autres emprunts sont nombreux et loin de moi l'idée de m'approprier ce qui ne m'appartient pas. J'espère simplement honorer le bon auteur de ce texte en citant Céline Claire.

Sac velours bleu

C’est la nuit de Noël… Il est très tard… Si tard que seules quelques lumières oubliées clignotent encore dans la ville. Si tard que tous les yeux sont profondément fermés. Si tard que la ville est entièrement recouverte d’un fin manteau de givre glacé…

Dans le silence flottent neuf carillons qui tintinnabulent à chaque saut des rennes… Le Père Noël n’a pas fini son travail. Il est éreinté mais continue inlassablement à remplir les cheminées des maisons endormies…
Enfin le dernier paquet…
Le Père Noël est heureux pour ses rennes aussi : il les sent épuisés de tant de kilomètres parcourus, tirant un traîneau qui, au lieu de s’alléger, semblait de plus en plus lourd au fur et à mesure de la distribution. Le Père Noël ne comprend pas. Pourquoi tant de fatigue ? Et cette impression de labeur non fini ?

Le Père Noël attrape le dernier cadeau : vraisemblablement un cheval à bascule vu la forme et la grosseur du paquet.
Il le soulève avec peine et court le déposer au pied du sapin. Il remonte dans son traîneau, fait claquer sa langue, et les rennes se remettent péniblement en marche…
Pourquoi tant de mal ? Le traîneau est pourtant vide maintenant.
Comme animé d’un soupçon, le Père Noël se retourne… Et ce qu’il voit le remplit de stupeur : cachés au fond du traîneau, longtemps dissimulés sous le cheval à bascule, une multitude de petits sacs de velours bleu attendent sagement.

Qu’est-ce ?
Le Père Noël n’en croit pas ses yeux. Ce n’est pas lui qui a déposé tout cela… Il se rappelle chaque jouet fabriqué, chaque cadeau emballé, chaque désir d’enfant. Et quel enfant réclamerait un petit sac de velours ?
Le Père Noël ordonne aux rennes de s’arrêter, il descend du traîneau et saisit un de ces sacs.
Stupeur !
Il est gonflé à bloc et lourd comme du plomb ! Le Père Noël le regarde longuement, le tourne et le retourne sans oser l’ouvrir. Il réfléchit, retrace le fil de sa tournée, persuadé que ces cadeaux n’étaient pas là quand il a embarqué.
C’est alors qu’il se rappelle…
Lors de sa tournée, il a vu sortir de quelques-une des maisons un papa ou une maman et s’approcher discrètement du traîneau. Il n’a guère fait attention : le Père Noël se soucie plus des enfants que des adultes… mais il se pourrait fort bien que ces parents aient glissé un petit paquet dans le traîneau…

Cherchant la clé de ce mystère, tournant et retournant le petit sac, il découvre, brodé sur le ruban qui le ferme, un prénom d’enfant…
Chaque sachet serait donc destiné à un petit ?
Une douceur infinie traverse le regard usé du Père Noël…
Il a compris.
Alors il remonte dans son traîneau, fait claquer sa langue, se cambre sous l’allure des rennes repartis au triple galop et les guide à travers la ville et le froid.
Ils montent, dépassent les lumières, glissent sur les nuages pour un pays que tous imaginent sans jamais le connaître.

Une multitude d’enfants impatients l’attendent en file indienne.
Ils ont interrompu leurs jeux à l’écoute des carillons et se tortillent d’aise à l’envie d’avoir leur cadeau…
Ils n’attendent pas de jouets, de poupées ou de camions… Ils attendent un simple petit sac de velours bleu. Des étoiles brillent déjà dans leurs yeux et les regards filent du côté du traîneau.

Le Père Noël prend un des sacs si lourds entre ses mains, soulève le ruban qui le ferme et lit le prénom brodé.
Aussitôt, le visage d’un petit garçon en habit de prince s’éclaire. Il s’avance timidement et tend ses mains. Le sac qui semblait de plomb se fait plume ! L’enfant sourit, défait d’un geste le ruban et surgissent alors une multitude de bisous, chatouilles, câlins et caresses qui retombent comme une pluie de bonheur sur les cheveux, les mains, les joues du garçonnet qui éclate de rire sous cette tendresse attendue.
Autour de lui, comme un écho à sa joie, d’autres sacs se distribuent, d’autres rubans se défont, d’autres rires retentissent…
Le pays imaginaire n’est plus qu’un immense éclat joyeux qui carillonne plus fort encore que les clochettes des rennes…

Car une maman restera toujours une machine à faire les bisous, un papa restera toujours une machine à faire les câlins et l’amour trouvera toujours un messager pour arriver à son destinataire.

27 novembre 2014

Au Québec...

Vidéo

Au Québec, ils diffusent des publicités sur le deuil périnatal à la télévision...

"Le deuil d'un bébé, c'est le deuil de toute une vie."

Ce que j'aime particulièrement dans cette phrase, c'est son double sens.

Le deuil d'un bébé, c'est le deuil de toute une vie dans le sens où c'est de la vie de son enfant qu'il faut faire le deuil.

Le deuil d'un bébé, c'est aussi le deuil de toute une vie dans le sens où c'est un deuil qui dure toute la vie, toute notre vie.

22 novembre 2014

Comment se relever quand on a perdu un enfant ?

Vidéo

Émission "Toute une histoire" diffusée sur France 2
Date : 20 novembre 2014
Durée : 1h03
"On ne peut pas dire - là plus que jamais - faire son deuil.
On ne fait pas son deuil, on apaise sa douleur."

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