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Tannabelle et ses grumeaux
   
"Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'incrustent, qui t'alourdissent, qui t'immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas."
Oscar et la dame rose - Éric-Emmanuel Schmitt
   
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14 septembre 2015

Prisme

Gaspard qui rejoignait Morphée si facilement, dormait si paisiblement, se réveillait si tardivement... à part une zone de turbulences inexpliquées en août 2014 et une autre juste avant l'arrivée de Hector !

Voilà plus de trois mois que Gaspard dort mal.
Il se réveille toutes les nuits, voire plusieurs fois par nuit.
Il se rendort parfois seul en quelques instants, mais la plupart du temps il a besoin au moins de notre présence.

Voilà aussi - surtout - trois semaines que Gaspard n'arrive plus à s'endormir seul. Je crois que nous avons tout essayé ou presque.

La veilleuse.
Le faire rire.
L'histoire.
Se fâcher.
La veilleuse à projection orientable.
Jouer.
Le lit sans barreaux.
Lui parler de ses copains Timothée et Hillel.
La lumière de l'escalier allumée.
Lui rappeler les bons moments de sa journée.
La porte ouverte.
Le chatouiller.
La lampe de chevet allumée.
Lui parler de son biberon et de sa tartine au chocolat du lendemain matin.
Le volet pas complètement fermé.
Le rassurer.
La musique.
Chanter.

Rien n'y fait : il ne s'endort qu'avec nous à ses côtés ou dans nos bras.

Notre dernier recours, que dis-je, notre dernier espoir : l'osthéopathie, qu'on nous a conseillée à plusieurs reprises ces derniers jours. J'attends que l'osthéopathe qu'on nous a recommandé me rappelle pour fixer un rendez-vous.

En plus de ce sommeil complètement chamboulé, Gaspard nous semble perturbé à la maison, tandis que résonne toujours le même son de cloche le soir à la crèche : "Bonne journée. Bien mangé. Bien dormi. Bien joué". Et pourtant, chez nous, notre petit bonhomme si facile à vivre jusqu'à présent en vient à "chouiner" pour un oui ou pour un non, à ne réclamer que "Maman, Maman" au point de se débattre dans les bras de son père, à faire des difficultés à manger, à se montrer indifférent ou jaloux envers Hector, à avoir peur de choses qui ne l'effrayaient pas jusqu'à présent, à paniquer face à des situations connues, à sursauter même à des bruits familiers.

Étrangement - ou non (c'est toute la question) - nous sommes entrés dans cette nouvelle zone de turbulences au moment où :

  • Gaspard a repris la crèche après trois semaines de vacances,
  • j'ai repris le travail,
  • Hector a commencé son adaptation à la crèche.

Cela fait donc trois semaines que cela dure, avec un point culminant (sommes-nous sur la pente descendante ?!) la semaine dernière où, par lassitude, découragement, fatigue ou un peu de tout ça, nous l'avons laissé commencer toutes ses nuits avec nous dans le canapé pour les finir dans notre lit.
Là encore, étrangement ou non, ce "pic" coïncide avec le retour en force de mon mal-être par rapport à Élise, à l'approche de leurs deux ans.

Réflexion

Et la frustration qui nous assaille, l'incompréhension qui nous taraude, l'inquiétude qui nous tourmente nous poussent à nous poser des questions. Des questions que nous ne nous poserions pas si Élise n'était pas morte.

Même si nous sommes nécessairement différents des parents que nous aurions été si nous n'avions pas perdu d'enfant, nous essayons d'être ceux que nous voulions être, malgré tout. Nous nous efforçons donc de ne pas tout voir à travers le prisme du décès d'Élise. Il n'empêche...

Je me trouvais ridicule de me poser ces questions-là. Et puis, en échangeant avec mon homme, je me suis rendu compte qu'il se posait les mêmes.

Dans quelle mesure cela est-il "normal" ou lié à Élise ?
Est-ce que Gaspard est perturbé par rapport à Élise ?
Est-ce que c’est à travers ce qu'il ressent, lui ? Ou à travers ce qu’on lui communique - surtout moi - en ce moment ?
Cette période anniversaire est particulière pour nous. L’est-elle aussi pour lui ?
Il nous semble avoir peur de quelque chose le soir. Est-ce du noir ? Est-ce de dormir ? Est-ce d'être abandonné ?
Associe-t-il le sommeil à la mort ?

Le plus frustrant, c'est de le voir aller moins bien qu'avant et de ne pas savoir l'aider.
Le plus culpabilisant, c'est de se dire que, même s'il y a probablement d'autres choses là-dessous et qu'il est probablement trop jeune pour être affecté à ce point par le décès de sa jumelle, notre histoire avec Élise ne doit pas faciliter sa construction...

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Commentaires
M
Bonjour,<br /> <br /> Nos histoires sont différentes, mais la fin reste la même nous avons perdu chacune un enfant... J'ai une petite fille qui a eu 2ans au mois d'août et 2 jours après son anniversaire j'accouchais de sa petite soeur Rose suite à une mfiu à 4mois1/2 de grossesse. Ma fille avait des nuits tout à fait normales jusque là, elle râlait le temps de fermer la porte de sa chambre puis s'endormait jusqu'au lendemain. Mais à mon retour de la maternité ça a changé. Elle hurlait, devenait "hystérique", nous réclamait, elle ne se calmait qu'une fois dans nos bras et lorsque nous la recouchions à nouveau ça recommençait, parfois cela durait 30min. Nous avons essayé plusieurs "techniques" pour qu'elle s'endorme à nouveau calmement : l'histoire, le calin à toutes les peluches, la lumière dans l'escalier allumée,...mais rien, à chaque fois la crise. Jusqu'au jour où j'ai dis à son Papa que je ne pouvait plus l'entendre hurler, ça me faisait trop de mal et que c'était forcément de notre, de ma faute, qu'il y avait quelque chose que nous avions mal fait parce que c'était forcément lié à la perte de sa soeur. Nous lui avions expliqué plusieurs fois que Papa et Maman étaient tristes et pleuraient parce que le bébé dans le ventre de maman "n'y était plus, qu'il était parti et que ce n'était pas de sa faute". Trop dur pour nous à ce moment là d'employer le mot "mort" et qui plus est à 2ans ce mot là elle ne le connaissait pas et cela n'aurait rien changé. C'est ce que nous pensions. Et en y réfléchissant j'ai essayé de faire un lien avec ces quelques explications et le moment du couché et effectivement il y en avait un, nous "partions" nous aussi tous les soirs de sa chambre. Peut-être pensait-elle que tout comme le bébé elle ne nous reverrait plus... Alors je lui expliqué en essayant de ne pas trop sangloter que le bébé, sa petite soeur était sortie du ventre de Maman parce qu'elle était morte et qu'on ne la verrait pas, plus et que c'est pour ça que Papa et Maman pleuraient mais que ce n'était la faute de personne et surtout que ça ne changeait pas le fait qu'on l'aimait très fort. Et à partir de là les nuits sont revenues à la normale. Tout ça pour dire que oui vos interrogations sont compréhensibles et légitimes, certainement votre petit Gaspard ressent votre mal-être, je ne veux surtout pas vous faire culpabiliser(!!), on ne peut pas s'empêcher de s'imaginer la vie avec des "si elle avait été là..." et les moments de tristesses. Juste si vous pensez que cela affecte votre enfant, expliquez lui vos ressentis... Mon discours est très long, j'espère qu'il pourra vous aider, même si on a chacun sa propre histoire et ses propres sentiments et des enfants qui ressentent et vivent les choses différemment, au fond je retrouve malgré tout dans vos propos. Tendres pensées à votre petite Elise
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