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Tannabelle et ses grumeaux
   
"Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'incrustent, qui t'alourdissent, qui t'immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas."
Oscar et la dame rose - Éric-Emmanuel Schmitt
   
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15 septembre 2015

Dans les chaussettes

En ce moment, ça ne va pas.

Larme

La faute à cette période de l'année - la période anniversaire. Pourtant cet anniversaire est double et le sera toujours. Alors pourquoi ce n'est pas la joie de voir grandir Gaspard qui prend le pas sur mon manque d'Élise ?! Pourquoi ça marche dans ce sens-là ?! Faute de mieux, j'ai rappelé ma psy (dont je croyais naïvement, en juin, pouvoir me passer...) mais elle n'a pu me proposer un rendez-vous que dans deux mois. D'ici là, soit je serai remontée toute seule de ce "bas" et je n'aurai plus vraiment besoin d'elle, soit je me serai enfoncée encore davantage et la remontée sera encore plus longue et difficile...

En ce moment, les choses résonnent encore plus douloureusement. J'ai les larmes au bord du cœur en permanence et un rien suffit à les faire couler.
Croiser les jumeaux et leur maman à la crèche.
Entendre rien que la voix de Grand Corps Malade - même pas sa chanson si évocatrice.
Apprendre que d'autres jumeaux - un garçon et une fille, qui plus est - vont bientôt arriver dans la même section que Gaspard à la crèche.
Entendre rien que la voix d'Emmanuel Moire - même pas sa chanson Sois tranquille.
En ce moment, Élise est dans toutes mes pensées.
Je l'imagine sans cesse à côté de Gaspard : dans ce qui serait leur chambre, à table, dans le bain, dans la voiture, à la crèche, chez le marchand de chaussures, au restaurant, dans les Manduca...
En ce moment, Élise n'est pas Élise dans ma tête.
Élise est dans un cercueil au fond d'un trou.
Élise est un cadavre.
Élise est un corps en décomposition.
Tu sais, la vie, c'est pas vrai ce qu'on dit : t'es pas belle, t'es même carrément moche...
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15 septembre 2015

Toute une histoire

Vendredi prochain, nous serons le 18 septembre.
Vendredi prochain sera diffusée, sur France 2, une nouvelle émission Toute une histoire consacrée aux interruptions médicales de grossesse. J'ai failli y participer mais n'ai finalement pas été "retenue".
Vendredi prochain, cela fera deux ans que nous avons arrêté le cœur d'Élise.

Jeudi prochain sera diffusée l'émission Toute une histoire où Emmanuel Moire parle du décès de son frère jumeau.

Et aujourd'hui était diffusée l'émission Toute une histoire mettant à l'honneur deux frères, dont l'un lourdement handicapé depuis la naissance.

 

Élise, je te capte bien en ce moment, la liaison doit être meilleure qu'à l'accoutumée...

15 septembre 2015

Vous n'allez pas me croire

Ce matin, au réveil, mon mari et moi avons d'abord ouvert les yeux. Puis nous avons pris conscience de quelque chose. C'est à ce moment-là que plusieurs options se sont offertes à nous.

Nous avons hésité à faire la danse de la joie.
Nous avons envisagé de sortir de la maison en criant "Bip biiiiiiiiiip".
Nous avons projeté d'enchaîner trois saltos chacun.
Nous avons été sur le point de rédiger un discours larmoyant.
Nous avons pensé arriver à la crèche en nous élançant à genoux avec notre t-shirt sur la tête, à la manière d'un joueur de foot qui vient de marquer un but.
Nous avons même failli croire en Dieu !

Au lieu de cela, nous avons joué la carte de la sobriété : nous nous sommes regardés, nous avons souri et nous nous sommes réjouis de l'endormissement rapide (tout de même avec Maman à ses côtés, la main simplement posée sur sa poitrine, à l'endroit où palpite son petit cœur) ET de la nuit sans interruption que nous a offerts Gaspard ! ^^

15 septembre 2015

Différente ?

Une petite fille.
Une mère.

Une autre petite fille.
Une autre mère.

Cette petite fille. Qui est lourdement handicapée. Qui ne peut ni parler ni marcher.
Cette mère. Qui tue sa fille.

Cette autre petite fille. Qui sera lourdement handicapée. Qui ne pourra ni parler ni marcher.
Cette autre mère. Qui tue sa fille.

Cette mère. Qui risque la réclusion criminelle à perpétuité.
Cette autre mère. Qui vit en toute impunité - si ce n'est les démons qui me rongent.

Quelle différence ?!

Réflexion

14 septembre 2015

Prisme

Gaspard qui rejoignait Morphée si facilement, dormait si paisiblement, se réveillait si tardivement... à part une zone de turbulences inexpliquées en août 2014 et une autre juste avant l'arrivée de Hector !

Voilà plus de trois mois que Gaspard dort mal.
Il se réveille toutes les nuits, voire plusieurs fois par nuit.
Il se rendort parfois seul en quelques instants, mais la plupart du temps il a besoin au moins de notre présence.

Voilà aussi - surtout - trois semaines que Gaspard n'arrive plus à s'endormir seul. Je crois que nous avons tout essayé ou presque.

La veilleuse.
Le faire rire.
L'histoire.
Se fâcher.
La veilleuse à projection orientable.
Jouer.
Le lit sans barreaux.
Lui parler de ses copains Timothée et Hillel.
La lumière de l'escalier allumée.
Lui rappeler les bons moments de sa journée.
La porte ouverte.
Le chatouiller.
La lampe de chevet allumée.
Lui parler de son biberon et de sa tartine au chocolat du lendemain matin.
Le volet pas complètement fermé.
Le rassurer.
La musique.
Chanter.

Rien n'y fait : il ne s'endort qu'avec nous à ses côtés ou dans nos bras.

Notre dernier recours, que dis-je, notre dernier espoir : l'osthéopathie, qu'on nous a conseillée à plusieurs reprises ces derniers jours. J'attends que l'osthéopathe qu'on nous a recommandé me rappelle pour fixer un rendez-vous.

En plus de ce sommeil complètement chamboulé, Gaspard nous semble perturbé à la maison, tandis que résonne toujours le même son de cloche le soir à la crèche : "Bonne journée. Bien mangé. Bien dormi. Bien joué". Et pourtant, chez nous, notre petit bonhomme si facile à vivre jusqu'à présent en vient à "chouiner" pour un oui ou pour un non, à ne réclamer que "Maman, Maman" au point de se débattre dans les bras de son père, à faire des difficultés à manger, à se montrer indifférent ou jaloux envers Hector, à avoir peur de choses qui ne l'effrayaient pas jusqu'à présent, à paniquer face à des situations connues, à sursauter même à des bruits familiers.

Étrangement - ou non (c'est toute la question) - nous sommes entrés dans cette nouvelle zone de turbulences au moment où :

  • Gaspard a repris la crèche après trois semaines de vacances,
  • j'ai repris le travail,
  • Hector a commencé son adaptation à la crèche.

Cela fait donc trois semaines que cela dure, avec un point culminant (sommes-nous sur la pente descendante ?!) la semaine dernière où, par lassitude, découragement, fatigue ou un peu de tout ça, nous l'avons laissé commencer toutes ses nuits avec nous dans le canapé pour les finir dans notre lit.
Là encore, étrangement ou non, ce "pic" coïncide avec le retour en force de mon mal-être par rapport à Élise, à l'approche de leurs deux ans.

Réflexion

Et la frustration qui nous assaille, l'incompréhension qui nous taraude, l'inquiétude qui nous tourmente nous poussent à nous poser des questions. Des questions que nous ne nous poserions pas si Élise n'était pas morte.

Même si nous sommes nécessairement différents des parents que nous aurions été si nous n'avions pas perdu d'enfant, nous essayons d'être ceux que nous voulions être, malgré tout. Nous nous efforçons donc de ne pas tout voir à travers le prisme du décès d'Élise. Il n'empêche...

Je me trouvais ridicule de me poser ces questions-là. Et puis, en échangeant avec mon homme, je me suis rendu compte qu'il se posait les mêmes.

Dans quelle mesure cela est-il "normal" ou lié à Élise ?
Est-ce que Gaspard est perturbé par rapport à Élise ?
Est-ce que c’est à travers ce qu'il ressent, lui ? Ou à travers ce qu’on lui communique - surtout moi - en ce moment ?
Cette période anniversaire est particulière pour nous. L’est-elle aussi pour lui ?
Il nous semble avoir peur de quelque chose le soir. Est-ce du noir ? Est-ce de dormir ? Est-ce d'être abandonné ?
Associe-t-il le sommeil à la mort ?

Le plus frustrant, c'est de le voir aller moins bien qu'avant et de ne pas savoir l'aider.
Le plus culpabilisant, c'est de se dire que, même s'il y a probablement d'autres choses là-dessous et qu'il est probablement trop jeune pour être affecté à ce point par le décès de sa jumelle, notre histoire avec Élise ne doit pas faciliter sa construction...

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13 septembre 2015

Endométriose : cette maladie dont les femmes ne parlent pas

Vidéo

Émission "Toute une histoire" diffusée sur France 2
Date : 8 septembre 2015
Durée : 1h00

8 septembre 2015

Retour au travail (bis)

J'ai repris le travail il y a deux semaines et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça été - c'est - compliqué. Non pas de reprendre le travail en soi - c’était nécessaire, pour plusieurs raisons - mais de laisser Hector. J'ai comme un sentiment d'abandon.

  • Je suis restée un an non-stop avec Gaspard.
  • J’ai repris le travail après son adaptation, nous avons donc pu nous séparer en douceur ; j’ai en quelque sorte moi aussi fait mon adaptation.
  • C’est moi qui ai fait son adaptation à la crèche, qui l’ai accompagné dans ce nouveau monde.

 

  • Je n’ai passé « que » 6,5 mois avec Hector. Certes, c’est déjà une chance par rapport à tous ces bébés qui atterrissent chez la nounou ou à la crèche dès leurs 2,5 mois mais pour moi, c’était encore trop tôt, surtout qu'on a eu du mal à démarrer.
  • J’ai repris le travail avant son adaptation. Au cours des quelques jours qui ont précédé ma reprise, nous avons profité des congés de mon mari pour amorcer la transition : il s’est au fil des jours de plus en plus occupé de Hector la journée pour que je me « détache » de lui, pour qu’il se « détache » de moi et « s’attache » à son papa. Malgré cela, pendant ces quelques jours, nous étions ensemble quasiment en permanence et nous avons été séparés du jour au lendemain lorsque j'ai repris le travail.
  • Ce n’est pas moi qui fais son adaptation à la crèche, qui l’accompagne dans ce nouveau monde.

 

Ce sentiment n’a rien à voir avec son papa, je sais qu’il est bien avec lui, qu'ils sont bien ensemble. Il n’est pas question de mon mari ou de confiance, mais de moi. Il n’est pas question de  savoir à qui je l’ai laissé mais du fait que je l’aie laissé.

D'ailleurs, rien que pour ce qui va suivre, je me réjouis que mon mari accompagne Hector dans cette étape : mon mari m’a dit à plusieurs reprises qu’en passant autant de temps avec Hector, en tête-à-tête qui plus est, il avait l’impression de le découvrir vraiment. La première fois qu'il m'a fait cette confidence, ça m’a fait comme une bouffée d’amour et de bonheur dans le cœur ! Je suis heureuse que mon mari ait cette chance-là, celle de passer du temps avec ses fils.

 

Ça, c’est pour la séparation. Il y a aussi les retrouvailles...

 

Le premier soir où j’ai retrouvé Gaspard et Hector après le travail, j’étais impatiente et heureuse. Et en même temps, mon cœur s’est serré. J’avais quitté Gaspard et Hector en sachant que je les retrouverais. Élise, je l’ai quittée en sachant que je ne la retrouverais pas. En rentrant ce soir-là, j’ai retrouvé deux de mes enfants. Je n’ai retrouvé que deux de mes enfants.

Pour être honnête, je devrais dire que j’ai quitté Élise sans savoir si je la retrouverais un jour. J’ai envie de croire qu’un jour je la rejoindrai là où elle est partie avant moi mais qui peut me l’assurer ? Cela fait partie de ces croyances auxquelles on se raccroche plus par nécessité que par conviction...

Réflexion

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